Par Prosper Buhuru
Les acteurs humanitaires tirent la sonnette d’alarme sur la situation critique qui prévaut dans les Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga, au Sud-Kivu, où l’accès aux communautés demeure presque totalement impossible depuis plusieurs mois. Dans une note publiée, ce lundi 24 novembre 2025, OCHA RDC et ses partenaires appellent les parties impliquées dans le conflit à garantir sans délai la protection des civils et l’ouverture de couloirs sécurisés pour l’aide humanitaire.
Selon OCHA, les zones de santé de Minembwe, Itombwe et Hauts Plateaux sont devenues, au cours des deuxième et troisième trimestres 2025, des zones "quasiment inaccessibles". Les affrontements armés récurrents, les attaques contre les civils et le pillage d’infrastructures médicales ont profondément dégradé la situation, entraînant un isolement presque total depuis mai. Les principaux axes logistiques, notamment Fizi–Lusuku–Point Zéro–Mikenge–Minembwe, restent fermés en raison de la présence d’acteurs armés et des restrictions imposées aux déplacements.
Cet isolement prolongé a eu des répercussions directes sur les populations. En octobre, près de 172.000 personnes déplacées et retournées se retrouvaient enclavées dans la zone de santé de Minembwe, privées d’accès aux biens essentiels et à toute assistance. Parmi elles figurent plus de 1.000 ménages venant de l’ancien site de Mikenge, contraints à un nouveau déplacement après les violences de mars.
Le système de santé est également au bord de l’effondrement. À l’Hôpital Général de Référence de Minembwe, plus de 60 % des décès enregistrés entre juillet et septembre concernaient des enfants, tandis que la létalité parmi les cas de malnutrition aiguë sévère atteint 29 %. L’absence de médicaments, bloqués pendant deux mois à Mulima, aggrave davantage la crise.
L’accès limité a aussi entraîné une flambée des prix. Le kilo de sucre est passé de 5.000 FC en janvier à 30.000 FC en octobre, et le sac de 25 kg de farine de manioc a bondi de 15.000 FC à 50.000 FC, exposant les ménages à une insécurité alimentaire imminente.
Malgré l’insécurité, certaines organisations maintiennent des activités à distance. Des stocks vitaux tels que médicaments, intrants nutritionnels, kits AME, articles EHA et fournitures scolaires, ont été prépositionnés à Baraka, Uvira et Bukavu. Une mission d’accès d’urgence sur l’axe Uvira–Luvungi–Baraka–Fizi–Minembwe est en préparation, accompagnée d’une évaluation rapide multisectorielle, dans l’espoir d’obtenir les garanties sécuritaires nécessaires.
OCHA appelle toutes les parties à garantir la protection des civils, permettre la libre circulation de l’aide et assurer la sécurité du personnel humanitaire, afin d’éviter une détérioration encore plus dramatique de la situation.