Par Bijou NDJODJI BATEKO
Les faits sont gravissimes. Un prévenu poursuivi pour homicide est rendu libre, alors qu'il était en détention dans le cachot du Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu, tel que l'attestent les images devenues virales sur les réseaux sociaux. Le Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, en sa qualité du Premier Magistrat du Parquet civil, ne pouvait pas ne pas se rendre sur le lieu, aussitôt informé, pour s'enquérir de la situation. Sur le lieu, le constat est on ne peut plus déplorable : le surpeuplement des prévenus dans le cachot du Parquet de Kalamu. Cela est dû, à en croire Firmin Mvonde Mambu, au manque de maisons carcérales. "Et, naturellement, cela fait suite au fait que le Gouvernement ne donne pas des maisons d'arrêt où mettre les prévenus. Nous, les Magistrats, nous ne pouvons pas être à la base d'une société sans prison", a déploré le Procureur général près la Cour de Cassation. Patron de l'action publique, Firmin Mvonde Mambu ne se limite pas au simple constat. Il passe à l'action. "En ce qui me concerne, les faits pour lesquels je suis arrivé ici me paraissent tellement graves... Et je viens d'instruire le Procureur général [près la Cour d'Appel de Kinshasa/Gombe] d'ouvrir une action disciplinaire doublée d'une action pénale à l'endroit du Procureur de la République de votre office et à l'endroit du Magistrat instructeur", a déclaré Firmin Mvonde Mambu, qui fait asseoir sa politique "de la carotte et du bâton" sur l'un des mots d'ordre du Président de la République aux Magistrats, à savoir, "le temps des avertissements est largement révolu".
Le Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, s'est rendu, ce lundi 09 décembre 2024, au Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Kalamu. Cette visite de travail fait suite aux faits graves répandus sur les réseaux sociaux, selon lesquels un prévenu coupable de meurtre ou d'assassinat (à la base de la mort d'une dame) y serait remis en liberté.
"J'avais déjà correspondu avec votre Procureur de la République. Et, dès hier, j'avais déjà programmé d'arriver ici pour le cas qui a été, de manière virale, répandu sur les réseaux sociaux, en ce que votre office a libéré un monsieur qui est poursuivi ou à la base de la mort d'une dame. Les faits m'ont paru tellement graves, que j'ai dû faire le déplacement avec le Procureur général près la Cour d'Appel de Kinshasa/Gombe dans ma suite", s'adresse Firmin Mvonde Mambu à ses collègues Magistrats de cet office.
Aussitôt arrivé, le Procureur général près la Cour de Cassation commence par le cachot, où il a dû se rendre compte d'un débordement par rapport au local lui-même et au nombre qui y est. Ce surpeuplement, selon Firmin Mvonde Mambu, est la conséquence du manque de maisons d'arrêt. Cela est de la responsabilité du l'Exécutif national, qui ne donne pas des maisons carcérales, où mettre les prévenus. Loin d'accuser le Gouvernement, Firmin Mvonde Mambu pense que cette situation de société sans prison fait partie des questions transversales dont le pouvoir judiciaire aura à traiter avec le pouvoir exécutif.
Autre constat déplorable, c'est que tous ces prévenus qui surpeuplent ce cachot sont, pour la plupart, de grands criminels poursuivis pour viol, vol qualifié et associations des malfaiteurs. "Et la majorité des personnes arrêtées, je viens de faire le tour, sont poursuivies soit pour des faits de vol qualifié, de viol, d'associations des malfaiteurs, les Kuluna. On ne peut pas les envoyer dans la rue", a indiqué le Procureur général près la Cour de Cassation.
Dossier administratif compulsé, Firmin Mvonde Mambu découvre qu'il y a des faits qui méritent d'être approfondis, d'être envoyés. Il détient même déjà quelques faits. Pour autant, le patron de l'action publique, en bon légaliste, n'entend nullement aller à l'encontre de la procédure.
"Aussi, j'ai instruit que l'ouverture d'un dossier d'une part disciplinaire, et, d'autre part, judiciaire et pénal, soit entamé. J'ai responsabilisé le Procureur général près la Cour d'Appel de Kinshasa/Gombe de se mettre à la tâche. Nous verrons, au terme de ces enquêtes sur le plan disciplinaire et sur le plan pénal, quelles en seront les conclusions, et nous les rendrons aussi publiques, pour rencontrer tout ce qui a été dit sur les réseaux sociaux, dans leur véracité, dans leur fausseté ou exagération", a rassuré le Premier Magistrat du Parquet civil.
L'occasion a été pour le Procureur général près la Cour de Cassation de rappeler à ses collègues Magistrats les quelques mots d'ordre du Président de la République, Magistrat suprême. Mots d'ordre auxquels lui-même, Firmin Mvonde Mambu, répond en premier. C'est, d'ailleurs, sur base de toutes ces recommandations du Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, que le patron de l'action publique fait reposer sa politique de la carotte et du bâton, qu'il applique depuis un certain temps, pour la régénérescence de la Justice rd-congolaise.