
Par Prehoub Urprus
Le Consortium des Organisations non gouvernementales des droits de l’homme en RDC tire la sonnette d’alarme, après la récente arrestation du général de brigade Pierre Banywesize. Dans un communiqué parvenu à Opinion-info.cd ce jeudi 29 mai 2025, ces structures de la société civile dénoncent une nouvelle vague d’interpellations de hauts gradés de l’Armée, marquée par un manque de transparence et de respect des droits fondamentaux.
Commandant adjoint des opérations à Dungu (Haut-Uélé), le général Banywesize fut auparavant chef d’état-major particulier du Président de la République. Son rôle dans la sécurité présidentielle durant les dernières années de l’ancien régime en faisait un officier influent. Selon le Consortium, il a été arrêté le 22 mai, à Kinshasa, dans des circonstances floues, d’abord détenu au camp Kokolo avant d’être transféré dans un lieu inconnu.
"Ni sa famille ni ses avocats ne savent aujourd’hui où il se trouve", s’indigne le Consortium, qui redoute une détention illégale et prolongée, sans accès aux soins médicaux adaptés, alors que l’état de santé du général serait préoccupant.
Le document cite également l’arrestation du général Banza Kabulo Joseph, un autre officier supérieur interpellé dans les mêmes conditions à Kinshasa. Ces arrestations interviennent dans un contexte tendu, où plusieurs hauts gradés et responsables sécuritaires font l’objet d’enquêtes, depuis le lancement d’une vaste opération anti-corruption et de "nettoyage" des institutions sécuritaires depuis novembre 2024.
Dans leur déclaration, les ONG signataires formulent cinq recommandations principales :
1. Permettre l’accès des familles et des avocats aux officiers détenus ;
2. Organiser rapidement des procès transparents ou libérer les personnes arrêtées ;
3. Garantir l’accès aux soins pour les détenus malades, notamment le général Banywesize ;
4. Assurer un procès équitable à tous les niveaux ;
5. Faciliter le travail des défenseurs des droits humains et des partenaires internationaux.
Le Consortium insiste sur le risque de torture, de mauvais traitements et de détention arbitraire, évoquant une "atteinte grave à la cohésion nationale." Il appelle les autorités à éviter toute discrimination ou stigmatisation fondée sur l’origine régionale ou linguistique des détenus.
Cette alerte intervient alors que l’appareil sécuritaire congolais est en pleine reconfiguration, sur fond de soupçons de trahison, de détournements de fonds et de redevabilité militaire. Pour les ONG, il est urgent de privilégier l’État de droit et la transparence, pour éviter une dérive autoritaire et maintenir la stabilité du pays.