![Le ministre de la justice et garde des sceaux, Constant Mutamba. [ Photo d'illustration ]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-05/IMG-20250530-WA0042.jpg?itok=JsxPEfrL)
Par Gratis Makabi
Un deuxième réquisitoire du Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde, a été transmis à l’Assemblée nationale, sollicitant l'autorisation d'ouvrir une instruction à charge du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, pour «outrage envers les membres du gouvernement, des cours et tribunaux, et des officiers du ministère public», puis «provocation et incitation au manquement envers l’autorité publique».
Ce deuxième réquisitoire, lu par le rapporteur de la Chambre basse du Parlement, au cours de la séance plénière de ce vendredi 30 mai 2025, dévoile les propos jugés outrageants du Garde des Sceaux Constant Mutamba, tenus en date du 26 mai 2025, contre plusieurs personnalités et institutions du pays.
"Je les attends. Avant de m'arrêter, ils vont arrêter le peuple congolais. Depuis février, j'ai écrit à l'inspecteur général des finances, à la Cour des comptes. J'attends d'abord cet audit pour que je donne l'injonction, parce qu'ils ont volé tout cet argent. J'attends le rapport d'enquête que j'ai demandée à la CENAREF, à l'IGF, à la Cour des comptes, et à l'ANR, sur la corruption d'un des dossiers qu'ils ont géré, et sur l'acquisition de leurs maisons à Bruxelles. Nous allons dénoncer leurs enfants qui sont à la magistrature. Ils ont cherché la guerre, ils l'auront, et ils vont la vivre", avait déclaré Constant Mutamba, ce jour-là, entouré de ses partisans devant le Palais de Justice.
La lecture du réquisitoire par le Porte-parole de la Chambre basse du Parlement révèle également les déclarations perçues comme une tentative d'intimidations contre le Haut Magistrat du Parquet civil :"Actuellement, je prends des mesures contre le Procureur général près la Cour de cassation. Dites-leur, hier j'avais senti l'odeur du détournement, et, aujourd'hui, je vois le détournement. J'attends qu'on lève mes immunités, l'histoire va dire son dernier mot. Ce dernier mot ne sera pas dit à Paris, ni en Chine, mais ici au Congo. Ce n'est pas Constant Mutamba qu'ils cherchent, ils cherchent plutôt le Chef de l'État. Dites au Procureur près la Cour de cassation que je n'ai pas peur de la prison, comme ils se sont rencontrés dans leur clique des Kabilistes, un groupe des mafieux, pour m'humilier, et nuire à ma réputation. Je suis prêt et je suis venu les affronter, je suis au Palais de la Justice. Dites-lui aussi que j'attends qu'il justifie tous ses biens, j'attends que les enquêtes contre lui s'achèvent. Une personne qui fait l'objet d'enquête ne peut pas initier une action contre le ministre de la Justice, c'est une faute disciplinaire. Je vais en tirer toutes les conséquences."
De l'avis de plus d'un observateur, les propos de Constant Mutamba touchent à l'intégrité et à l'indépendance de la Justice, et pourraient, au regard de leur sensibilité, constituer une violation grave du principe de séparation des pouvoirs. Car, ces propos entravent le bon fonctionnement du pouvoir judiciaire.
Pour rappel, au terme de l'examen du premier réquisitoire, l'Assemblée nationale a déjà accordé l'autorisation au Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, d'ouvrir une instruction à charge du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, sur un présumé détournement de 19 millions de dollars américains, sur les 39 destinés à la construction d'une prison, à Kisangani, dans la province de la Tshopo.