Justice: verdict attendu contre Joseph Kabila, symbole de rupture ou piège politique ?

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Joseph Kabila Kabange,  Président honoraire de la RDC
Joseph Kabila Kabange, Président honoraire de la RDC

Par Prosper Buhuru

Le verdict attendu, ce vendredi 12 septembre 2025, dans l’affaire visant l’ancien Président Joseph Kabila, intervient dans un contexte où la RDC -République démocratique du Congo- traverse l’une des périodes les plus troubles de son histoire récente. Crise sécuritaire persistante dans l’Est, crise humanitaire sans précédent, tensions politiques alimentées par les fractures entre institutions et oppositions : autant de foyers d’instabilité qui rendent ce procès éminemment politique, au-delà même de sa dimension judiciaire.

Une condamnation de Joseph Kabila, figure centrale de la scène congolaise pendant près de deux décennies, aurait une portée symbolique considérable. Pour certains, elle incarnerait enfin la victoire de l’État de droit, capable de juger même ses plus hauts dirigeants. Pour d’autres, elle risquerait d’apparaître comme un règlement de comptes, nourrissant davantage la polarisation politique et la méfiance entre camps adverses.

Dans un pays où les blessures de l’histoire sont encore vives, ce verdict posera surtout une question : la justice congolaise agit-elle en toute indépendance, ou reflète-t-elle l’équilibre des forces politiques du moment ? La réponse sera scrutée à la fois par les Congolais eux-mêmes, lassés des impunités répétées, et par la communauté internationale, attentive à la crédibilité des institutions congolaises.

Mais au-delà du destin personnel de l’ancien Président, l’enjeu véritable est celui de la cohésion nationale. Une condamnation pourrait ouvrir une brèche pour reconstruire la confiance dans la justice, à condition qu’elle s’accompagne d’un processus transparent, équitable et dénué d’arrière-pensées politiques. À défaut, elle risquerait de rallumer de vieux ressentiments, dans une société déjà fragilisée par la guerre et la pauvreté.

L’heure est donc à la responsabilité. Si l’État congolais choisit la voie d’une justice crédible, il pourrait poser un jalon historique vers la fin de l’impunité des élites. Si, au contraire, ce procès apparaît comme une manœuvre, il ne fera qu’aggraver les fractures, au moment où le pays a plus que jamais besoin d’unité.

Ce vendredi, c’est moins le sort de Joseph Kabila qui se jouera que celui de l’image de la justice congolaise et, au-delà, de l’avenir démocratique de la RDC.

Vendredi 12 septembre 2025 - 09:45