
Par Prehoub Urprus
"Des tueries, des viols, des bombes… et le monde regarde en silence". Ce cri de colère est signé Liberata Buratwa, présidente du PACOFEDI -Programme d’actions communautaires pour la femme et le développement intégré-, qui dresse un constat accablant sur la situation des femmes au Nord-Kivu, piégées entre guerre, occupation et oubli.
Depuis le début de la nouvelle offensive du M23 en 2021, la vie des femmes dans cette partie de la RDC a basculé dans l’horreur. Mais l’escalade s’est aggravée depuis l’occupation de Goma, le 26 janvier 2025.
"Nous vivons dans une psychose permanente, chaque jour apporte son lot de morts et de bombardements", témoigne Liberta Buratwa.
Le dernier épisode sanglant a eu lieu dans la nuit du 10 au 11 avril 2025. Des affrontements à l’arme lourde entre les les Wazalendo et les éléments du M23-AFC ont secoué plusieurs quartiers de Goma et les environs du territoire de Nyiragongo. Le bilan fait état de 53 morts, selon le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain ShabaniLukoo. Mais au-delà des chiffres, ce sont des vies de femmes détruites, des familles brisées, des communautés traumatisées.
Entre silence international et impunité locale, les violences sexuelles, les pillages, les déplacements et l’occupation des maisons deviennent une norme macabre. "Nous n’arrivons plus à faire le suivi des victimes ni à leur offrir un soutien psychosocial adapté. Trop de femmes souffrent dans l’ombre, et personne ne semble s’en soucier", déplore encore Liberta Buratwa.
PACOFEDI lance un appel à l’action, à la solidarité et au réveil des consciences. "Nous en appelons aux femmes de la région des Grands Lacs et de toute l’Afrique : levons-nous ensemble pour un continent où la femme vit en paix, dans la dignité et le respect de ses droits fondamentaux."
Dans un contexte d’indifférence croissante, cette voix féminine du Nord-Kivu rappelle l’urgence de remettre l’humanité au cœur des priorités, surtout en cette période à laquelle nombreuses personnes retournées peinent à se réorganiser dans leurs milieux naturels, après des années de déplacement.