RDC – M23 : le Cadre de concertation des forces politiques critique l’accord de Doha et appelle à un dialogue national inclusif

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Seth Kikuni et Claudel Lubaya
Seth Kikuni et Claudel Lubaya

Par Prehoub Urprus

Réuni après la signature, à Doha, de la Déclaration de principes entre le Gouvernement congolais et la coalition M23-AFC, le CCFPS -Cadre de Concertation des Forces Politiques et Sociales- dénonce un accord fragile et insuffisant pour garantir une paix durable. Dans une déclaration rendue publique, ce lundi 21 juillet 2025, cette plateforme avertit que l’initiative, malgré sa portée diplomatique, ne parvient, ni à apaiser les tensions, ni à poser les bases d’une sortie de crise globale.

Les leaders de cette plateforme, Claudel Lubaya et Seth Kikuni, pointent du doigt les désaccords manifestés immédiatement après la cérémonie de signature, interprétés comme le symptôme de divergences profondes non résolues. Ces tensions trahissent, selon les signataires, les limites de la médiation qatarie, qui n’aurait pas réussi à concilier les visions opposées des parties en conflit.

"La signature d’une déclaration qui semble malheureusement contenir les germes de son propre échec, avant même sa mise en œuvre" est un signal d’alarme, selon le CCFPS. Malgré la mobilisation du tandem EAC-SADC et le soutien de l’Union Africaine, le Cadre appelle les protagonistes à faire preuve de plus de sincérité pour parvenir à un accord crédible.

Pour Lubaya et Kikuni, la crise congolaise étant endogène et multidimensionnelle, elle ne peut être résolue par de simples engagements bilatéraux avec les groupes armés. Ils jugent que les négociations actuelles avec la seule coalition du M23-AFC sont trop limitées et excluent d'autres dynamiques rebelles à l’origine de l’instabilité, notamment les groupes ADF, CODECO, Mobondo ou encore les milices locales.

Le pouvoir est également accusé d’éluder une approche systémique : "Il est inacceptable que le pouvoir négocie des accords d’intégration régionale imposés pour résoudre partiellement une crise sécuritaire dont il est en partie responsable", écrivent les signataires.

Le CCFPS plaide pour une nouvelle approche holistique, axée sur les dimensions politiques, morales, institutionnelles et socioéconomiques de la crise. Il en appelle à l’organisation urgente d’un débat national inclusif, républicain et structuré, qui déboucherait sur l’adoption d’un pacte social pour la paix.

Ce dialogue, selon la déclaration, ne saurait être une faveur du pouvoir en place, mais une exigence patriotique vitale pour briser les cercles vicieux de crises successives : "Le pays doit enterrer ses vieux démons qui entravent son progrès depuis 65 ans et ouvrir, enfin, un nouveau chapitre de sa vie nationale."

Au terme de cette déclaration, les deux signataires préviennent : "Le dialogue tant espéré n’est pas un simple geste de bonne volonté, mais une obligation morale, un devoir politique face aux tensions récurrentes, qui menacent l’existence même de la nation."

Lundi 21 juillet 2025 - 10:38