
Par la Rédaction
Que des ajournements de la publication des résultats provisoires du scrutin législatif de 2023 par la CENI -Commission électorale nationale indépendante- ! Des reports qui renforcent les incertitudes, remettent en cause l'indépendance de la Centrale électorale et discréditent tout le processus électoral. Non sans donner raison à certains candidats malheureux à la dernière présidentielle, qui parlent d'une fraude électorale à grande échelle, d'une part, et, de l'autre, à la MOE -Mission d'Observation électorale- CENCO-ECC, qui déplore l'opacité de la CENI dans le calcul du seuil d'éligibilité. Difficile en tout cas, pour la CENI, à ce stade, de préserver l'intégrité des résultats des élections législatives, provinciales et municipales. Cela, même si, quoiqu'encore incertain, elle vient à publier ces résultats provisoires ce samedi 13 janvier 2024.
Dimanche 31 décembre 2023, la CENI publie les résultats provisoires de l'élection présidentielle. Le Président sortant, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, candidat à sa propre succession, est réélu avec 73,34%.
Depuis, plus rien. Et l'attente sera longue pour la publication des résultats provisoires des autres scrutins.
Au début, la Centrale électorale évoquait comme raison attendre la compilation venant des autres CLCR -Centres locaux de compilation des résultats-. Raison pour le moins passable. Surtout que le scrutin, légalement prévu pour un seul jour, s'est déroulé au-delà de deux voire trois à quatre jours dans certains centres et bureaux de vote.
Invalidation des candidats
Aussi curieux que cela puisse paraître, alors que l'on s'attendait, impatiemment, à la publication des résultats provisoires des législatives, provinciales et communales, la CENI publie la liste de 82 candidats députés nationaux invalidés pour fraude, corruption, vandalisme des matériels électoraux, incitation à la violence et détention illégale des dispositifs électroniques de vote.
Comme si cela ne suffisait pas, le même jour, la Centrale électorale va annuler les autres élections déroulées dans les circonscriptions de Yakoma et de Masimanimba.
Et la CENI va même promettre de poursuivre les enquêtes, pour invalider d'autres candidats qui auraient commis les mêmes infractions.
La CENI dans la nasse
Pour les candidats malheureux à la dernière présidentielle, la CENI, qui croit se soustraire à une enquête judiciaire, en invalidant ces candidats pour se justifier, est malheureusement passée aux aveux.
Car, comment comprendre que les machines à voter puissent se retrouver entre les mains des candidats députés nationaux et provinciaux, alors que la CENI jouit de l'exclusivité de leur détention ?
Contre toute attente, tous les candidats invalidés sont de l'USN -Union sacrée de la Nation-, plateforme politique au pouvoir et qui a soutenu la candidature de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la dernière présidentielle.
La Haute Cour s'en mêle !
Malgré que les élections sont annulées à Masimanimba et Yakoma, et que 82 candidats députés nationaux invalidés, tous de l'USN, cela n'a pas affecté les résultats de la présidentielle ni perturbé l'ordre d'arrivée des candidats à la magistrature suprême !
Quelques jours seulement après l'invalidation des candidats députés nationaux présumés fraudeurs, la Cour constitutionnelle va confirmer la victoire de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la présidentielle du 20 décembre dernier. Sans même tenir compte des cas de fraude évoqués par la Centrale électorale.
Des reports qui éclaboussent la CENI
Pendant ce temps, la CENI balbutie, tâtonne, titube et hésite pour publier les résultats provisoires des législatives, provinciales et municipales.
Et l'opinion, elle, tenue en haleine et écartelée entre la publication de la liste additive des invalidés et des résultats provisoires, s'impatiente.
Ce qui sème encore des doutes dans l'opinion et renforce les incertitudes. Non sans remettre en question l'indépendance de la CENI et discréditer tout le processus électoral.
Une posture qui donne libre cours à toutes formes de spéculations. Même celle selon laquelle l'attribution des sièges au niveau de l'Union sacrée de la Nation divise et serait à la base de tous ces reports. Car, selon les tenants de cette hypothèse, jusqu'à ce jour, les violons sont loin de s'accorder, au point de chavirer la barque estampillée USN, si l'on n'y prend garde.
Espérons, toutefois, que la CENI pourra publier les résultats provisoires des législatives, provinciales et municipales ce samedi 13 janvier 2024. Même si elle restait opaque dans le calcul du seuil d'éligibilité, plutôt que de prendre en compte la recommandation de la MOE CENCO-ECC. Celle de mettre en place un dispositif, qui devra permettre aux partis et regroupements politiques de s'auto-évaluer, en suivant, en toute transparence, le processus de calcul du seuil légal d'éligibilité, et de l'attribution des sièges, afin de préserver l'intégrité des résultats des élections législatives, provinciales et municipales.