![Tuver Wundi, expert en communication, formateur en journalisme et représentant de Journalistes en Danger (JED) au Nord-Kivu lors de la formation [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-04/IMG-20250418-WA0033.jpg?itok=_LwNxGT9)
Par Gloire Balolage
Une formation de trois jours a été organisée à Goma, du 15 au 17 avril 2025, à l’intention des acteurs des médias, notamment des journalistes et influenceurs. Organisée par le Club RFI Goma, cette session s’est tenue autour du thème principal : « La place des médias dans la consolidation de la paix». Parmi les intervenants figurait Tuver Wundi, expert en communication, formateur en journalisme et représentant de JED -Journalistes en danger- au Nord-Kivu.
Dans son intervention, Tuver Wundi a mis en lumière le rôle central que peuvent jouer les journalistes dans la prévention des conflits communautaires, la lutte contre les discours de haine et la promotion d’une cohabitation pacifique. Selon lui, les médias ne doivent pas se considérer comme des faiseurs de paix autoritaires, mais plutôt comme des vecteurs d'information et de compréhension.
«Les journalistes ne sont pas des outils qui imposent la paix, mais ils ont le devoir de dire et d’expliquer les circonstances qui peuvent favoriser le dialogue et la réconciliation», a-t-il insisté devant une vingtaine de participants. À travers leur travail, les professionnels des médias doivent créer un espace d’expression pour les parties en conflit, permettant ainsi une meilleure compréhension des causes profondes de la discorde.
Il a également mis en garde contre les dérives d’un journalisme militant ou messianique. «Les journalistes qui se mettent dans la posture de donneurs de paix ne sont pas professionnels. Ce n’est pas leur rôle», a-t-il martelé. Il a souligné l’importance pour les journalistes de garder une posture d’humilité, d’impartialité et de rigueur professionnelle, afin de remplir véritablement leur mission.
L’un des points clés de son intervention a porté sur la sécurité des journalistes exerçant dans des zones sensibles, notamment dans l'Est de la RDC, marqué par des conflits armés persistants. «Il faut maîtriser le contexte dans lequel on évolue. Nous n’avons pas besoin de héros journalistes. Nous avons besoin de journalistes vivants», a-t-il déclaré avec gravité.
Pour assurer cette sécurité et cette efficacité, Tuver Wundi a rappelé l’importance du respect du code d’éthique et de déontologie journalistique, qualifié de "Bible" du métier. Selon lui, ce code, bien appliqué, permet non seulement de protéger le journaliste, mais aussi de garantir la fiabilité de l’information diffusée, pierre angulaire du rôle social du journaliste.
«Lorsqu’un journaliste est impartial, exact et responsable, il devient crédible. Il devient un thérapeute de la société, capable de diagnostiquer ses maux et d’en proposer les remèdes», a poursuivi Tuver Wundi. Il a ainsi comparé les journalistes à des guérisseurs, détenteurs d’un savoir et d’une parole capables de réparer une société fracturée.
Dans des zones contrôlées par des groupes armés, où l’accès à l’information est restreint, Tuver Wundi a reconnu la complexité du métier, tout en appelant à la ruse professionnelle et à la créativité. «L’information devient une opportunité qui dépend du discernement du journaliste. Il faut briser la peur, mais aussi s’interroger constamment sur l’utilité de notre travail», a-t-il recommandé.
Enfin, il a appelé à une refondation du rôle du journaliste dans une société blessée. «Nous ne devons pas nous contenter d’éteindre les incendies. Nous sommes là pour guérir les plaies, redonner confiance en la vie à travers une information fiable, équilibrée et humaine», a-t-il conclu avec conviction.
Cette formation a été saluée par les participants comme une véritable bouffée d’air dans un contexte médiatique parfois miné par les pressions, les manipulations et la peur. Le message est clair : les journalistes, loin d’être de simples rapporteurs d’événements, doivent se considérer comme des acteurs de changement, porteurs de paix et de guérison dans une région en quête de stabilité.