
Par Gloire Balolage
La situation nutritionnelle des enfants dans la région de Lukweti, territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, suscite une vive inquiétude. Selon une enquête menée en juin par les autorités sanitaires locales, au moins 10 % des enfants de moins de cinq ans souffrent actuellement de malnutrition, une proportion alarmante qui reflète les conséquences dramatiques de l’insécurité persistante dans cette zone.
Les résultats de cette enquête ont été rendus publics, le mardi 8 juillet, par les responsables de la santé, lors d’un entretien accordé à Radio Okapi. Les zones les plus touchées sont les localités instables de Lukweti, Lubwe, Mianja et les villages environnants, situés dans les groupements de Bashali Mokoto et Osso Banyngu, où les déplacements de population, les conflits armés et la précarité alimentaire se conjuguent pour aggraver la vulnérabilité des enfants.
L’alerte a d’abord été lancée sur le terrain par les relais communautaires du groupe Martin Luther King, une organisation active dans le territoire de Masisi. Lors de leurs récentes missions dans les localités de Katale, Kalinga et Lushebere, ces acteurs de la société civile ont observé des dizaines d’enfants en situation de détresse nutritionnelle, certains présentant des signes visibles de malnutrition aiguë.
Les responsables sanitaires, qui confirment cette réalité préoccupante, lancent un appel pressant à l’endroit des partenaires de santé et des organisations humanitaires. Ils insistent sur l’urgence d’une intervention coordonnée pour sauver la vie de ces enfants, dont la santé est gravement menacée dans un contexte marqué par l’insécurité et l’absence de services de base.
L’instabilité sécuritaire chronique empêche, en effet, l’accès aux champs, réduisant considérablement la production agricole locale, et freine aussi l’action humanitaire. Plusieurs organisations, dont MSF -Médecins sans frontières-, ont vu leurs interventions limitées ou suspendues dans certaines zones, à cause des risques liés à l’insécurité. Des discussions sont, toutefois, en cours avec MSF, pour organiser une réponse dans les meilleurs délais.
Malgré l’existence de centres de prise en charge nutritionnelle dans la région, les structures souffrent d’un manque criant d’intrants médicaux et nutritionnels. Les responsables déplorent l’absence de kits thérapeutiques, de lait thérapeutique et d’antibiotiques, essentiels au traitement des enfants souffrant de malnutrition sévère.
En plus de la malnutrition, les autorités signalent une recrudescence de maladies, telles que le paludisme et les infections respiratoires, accentuant la pression sur un système de santé déjà fragilisé. Dans ce contexte, les appels à l’aide se multiplient, avec l’espoir que les acteurs humanitaires et les autorités nationales puissent intensifier leur présence dans cette zone marginalisée.