![Les ministres de la SADC et l'EAC à Harare [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-03/IMG-20250318-WA0059.jpg?itok=0tN46x9E)
Par la rédaction
Une feuille de route détaillant les mesures nécessaires pour résoudre le conflit armé dans l'est de la RDC -République démocratique du Congo- a été adoptée par les ministres de la SADC -Communauté de Développement de l’Afrique Australe- et de l'EAC -Communauté de l’Afrique de l’Est-, au terme de la réunion tenue le lundi 17 mars, à Harare, au Zimbabwe.
Un plan d'action immédiat pour un cessez-le-feu
La feuille de route, qui devra être soumise à un Sommet conjoint SADC-EAC pour adoption, prévoit des mesures immédiates devant être mises en œuvre dans les 30 jours. Parmi les principales actions proposées, on retrouve l'organisation d'un dialogue direct entre les parties prenantes au conflit, à savoir les forces armées de la RDC et la rébellion du M23.
L’objectif est de parvenir à un cessez-le-feu inconditionnel, une cessation des hostilités et un arrêt de toute expansion territoriale. Ces mesures permettront d'assurer la liberté de mouvement des organisations humanitaires et de faciliter l’évacuation des populations de la zone de conflit.
Un mécanisme de vérification renforcé
Afin de garantir la mise en œuvre effective de ces engagements, un mécanisme de vérification conjoint SADC-EAC sera mis en place. Ce mécanisme surveillera la cessation des hostilités et le respect du cessez-le-feu. Il est également prévu d’impliquer le MCVE -Mécanisme conjoint de vérification élargi- de la CIRGL -Conférence internationale sur la région des Grands Lacs- ainsi que la MONUSCO. La réunion a recommandé que la CIRGL examine la possibilité de renforcer ce mécanisme, avec l'ajout de personnels supplémentaires, pour surveiller la situation sur le terrain.
L'évaluation de la situation sur le terrain
Une équipe conjointe d'évaluation technique SADC-EAC, composée de 12 à 16 experts, sera constituée pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces experts, issus de l’Armée, de la logistique, des travaux publics et de l’aviation, devront aussi évaluer l’état des infrastructures critiques, notamment les aéroports de Goma et Kavumu, afin de garantir leur fonctionnement dans un environnement sécurisé.
Le dialogue politique et militaire sur le long terme
À moyen terme, entre 30 et 120 jours, la feuille de route appelle à la mise en place de mesures de confiance tant au niveau politique que militaire. Le dialogue entre les parties au conflit sera facilité par des représentants conjoints de l’EAC et de la SADC, dans le cadre de la fusion des initiatives de Luanda et Nairobi. L'objectif est de parvenir à une déclaration de cessez-le-feu permanent, soutenue par un appel à l'ONU pour élaborer un mandat renforçant la capacité de la MONUSCO à soutenir la sécurisation des zones sensibles du Nord et Sud Kivu.
L'objectif d’une paix durable
Les mesures à long terme, qui s’étendent au-delà de 120 jours, visent à renforcer les capacités des forces gouvernementales de la RDC, afin qu’elles puissent assurer la sécurisation de villes stratégiques comme Goma et Bukavu. L'une des priorités est de restaurer l'autorité étatique dans les zones occupées par le M23, tout en s'attaquant aux causes profondes du conflit. Cela inclut la protection de la souveraineté de la RDC et le respect de son intégrité territoriale.
Le rôle crucial de la MONUSCO
Dans ce contexte, la MONUSCO, qui est déjà présente dans la région, joue un rôle clé dans la stabilisation de l’Est de la RDC. Le renforcement de ses capacités, tel que demandé dans la feuille de route, sera essentiel pour soutenir les efforts de paix. L’ONU devra jouer un rôle central, en fournissant des ressources et en appuyant les forces locales dans leur lutte contre les groupes armés et dans la sécurisation des populations civiles.
L’importance d’un soutien international cohérent
Le succès de cette feuille de route dépendra, en grande partie, du soutien international, tant diplomatique que matériel. Les pays de la SADC et de l'EAC devront s'assurer que les engagements pris dans cette réunion sont respectés, et cela passera par une coopération étroite avec les grandes puissances mondiales et les organisations internationales. La RDC a longtemps souffert du manque de soutien concret face à l’agression extérieure et aux conflits internes.
Retour sur la réunion et ses enjeux
Cette réunion ministérielle s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres visant à trouver une solution pérenne à la crise de l'Est de la RDC. Initialement prévue pour le 28 février 2025, elle avait été reportée, et se tient aujourd’hui, après une série de décisions prises lors du sommet de la SADC, à Dar es Salam. Les dirigeants de la région ont pris conscience de la nécessité d’une approche concertée, pour éviter l’escalade du conflit et protéger les populations civiles.
Perspectives d’avenir : vers une stabilisation régionale ?
La situation en RDC demeure fragile, et la mise en œuvre de la feuille de route nécessite une coopération sans faille entre la SADC, l’EAC, et les autres acteurs régionaux et internationaux. Si ces efforts portent leurs fruits, ils pourraient marquer le début d’une ère nouvelle de coopération pour la paix et la stabilité dans cette région africaine stratégique, longtemps dévastée par les conflits et les luttes pour le contrôle des ressources naturelles.