Suppression des taxes à l'importation des produits de première nécessité : Jérôme Sekana appelle la PM Judith Suminwa à reconsidérer cette approche pour protéger la production et la main d'œuvre locales ! 

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Jérôme Sekana, Coordonnateur de l'Asbl Toile d'araignée
Jérôme Sekana, Coordonnateur de l'Asbl Toile d'araignée.

Par Serge Mavungu 

Les mesures contre la vie chère en RDC -République démocratique du Congo-, prises lors de la huitième réunion du Conseil des ministres, du vendredi 09 août 2024 dernier, ont été saluées par la population congolaise. Lesquelles mesures concernent les produits, tels que le maïs, le lait en poudre, le riz importé, les volailles, les poissons, la viande, et l'huile végétale.

Jérôme Sekana, Coordonnateur de l'Asbl "Toile d'araignée", une structure qui réunit en son sein des journalistes spécialisés dans les questions à caractère économiques, ne partage pas le même point de vue que le Gouvernement sur cette question.

Au cours d'une conférence de presse qu'il a animée, samedi 31 août 2024, Jérôme Sekana a souligné que "nous voulons bien sûr réduire le coût de la vie pour les Congolais. Mais la manière d'y parvenir est d'investir dans une industrie locale florissante. En permettant les importations illégales, nous mettons le pays à la merci de produits de qualité inférieure".

Et de marteler: "À long terme, nous serons otages des étrangers. Le projet de loi sur la suppression des taxes à l'importation des produits de première nécessité réduira également les investissements locaux et l'emploi".

Des producteurs d'huile de palme en RDC, alerte Jérôme Sekana, expriment leurs vives préoccupations face à la récente proposition du Gouvernement congolais, visant à supprimer les taxes sur les produits de première nécessité.

Bien que cette initiative, a-t-il dit, vise à accroître le pouvoir d'achat des ménages congolais, elle pourrait entraîner des conséquences graves et imprévues pour le tissu économique congolais.Un impact dévastateur sur l'emploi et la production locale.

Poursuivant son exposé, le Coordonnateur de l'Asbl 'Toile d'araignée" a déclaré que l'industrie agroalimentaire en RDC est un pilier essentiel de l'économie nationale, représentant environ 20% du PIB. Avec une production annuelle de millions de tonnes de produits, tels que le maïs, le manioc, le riz, l'huile de palme, le sucre, la viande, et le poisson, ce secteur est crucial pour la sécurité alimentaire et le développement économique et social de notre pays. De plus, l'industrie agroalimentaire emploie directement plus de 1,5 million de travailleurs à travers le pays, et soutient indirectement de nombreuses familles et petits exploitants agricoles.

Et d'interpeller: "La suppression des taxes sur les produits de première nécessité importés pourrait entraîner une concurrence accrue de produits étrangers à bas prix, menaçant la viabilité économique des producteurs locaux".

Tout en insistant sur les vœux des acteurs du secteur de l'huile de palme, qui exhortent le Gouvernement de la République et les décideurs à reconsidérer cette approche, afin de garantir un avenir plus prospère et autosuffisant pour la RDC, Jérôme Sekana révèle que le secteur de l'huile de palme en RDC représente, à lui seul, environ 40% de la production agro-industrielle du pays, avec une production annuelle estimée à plus de 450.000 tonnes.

"Ce secteur emploie directement plus de 50.000 travailleurs et soutient indirectement environ 500.000 personnes, y compris les familles des travailleurs et les petits exploitants agricoles".

Et d'ajouter : "À titre illustratif, la société PHC, en tant que leader de l'industrie, emploie à elle seule plus de 10.000 personnes sous contrats directs dans les provinces de l'Équateur, de la Mongala, et de la Tshopo, et contribue de manière significative à l'économie locale, à travers la création d'emplois, le développement d'infrastructures, et le soutien communautaire.

Cette concurrence accrue, due à des importations moins chères, pourrait forcer les producteurs locaux, comme PHC, à réduire leurs volumes de production, pour faire face à la baisse de la demande".

Une telle baisse de production, souligne Jérôme Sekana, pourrait entraîner la suppression de milliers d'emplois dans le secteur de l'huile de palme en RDC, et rendrait vulnérables les milliers de ménages qui dépendent de cette filière.

Dimanche 1 septembre 2024 - 08:12