RDC-Agression rwandaise dans l’Est : les retombées de la fermeture des banques et de l’aéroport sur l’économie à Goma

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BCDC- Goma [ Photo d'illustration]

Par la rédaction

 La ville de Goma se meurt, son économie totalement paralysée. La capitale de la province du Nord-Kivu est restée, à ce jour, l'ombre d'elle-même depuis son contrôle par l'Armée rwandaise, sous couvert de ses supplétifs du M23-AFC. Plus rien n'y vit. Enclavée à cause de la fermeture de son aéroport international, principale voie d'accès et de sortie, en plus de la perturbation des activités portuaires, la ville de Goma subit les effets néfastes de l'isolement. Une situation défavorable aux banques, qui n'avaient d'option que de mettre la clé sous le paillassonC'est l'asphyxie totale d'une économie qui était encore fragile, extravertie. Privés de leurs petites économies bloquées dans des banques, les Gomatraciens sont écartelés entre le feu de l'épuration et celui de la destruction cynique du tissu économique. S'agit-il d'une stratégie des agresseurs pour pousser les autochtones à abandonner leur ville ? Non moins sûr. Le long silence de la Communauté internationale risque de trahir une sorte de complicité. Loin d'intenter un procès contre quiconque, il est temps d'agir.

Depuis l'occupation de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, par les rebelles du M23/AFC soutenus par l'Armée rwandaise, la situation économique de la ville connaît un bouleversement sans précédent. La fermeture des banques et de l'aéroport international de Goma a exacerbé une situation déjà critique, plongeant les habitants dans une profonde détresse. 

Les banques, principales institutions financières de la ville, ont fermé leurs portes dès l'arrivée des rebelles, laissant une grande partie de la population sans accès à leurs économies. Les commerçants, dépendants des transactions bancaires pour faire fonctionner leurs activités, sont les premiers à subir l'impact de cette fermeture. Les fonctionnaires, quant à eux, se retrouvent dans l'incapacité de percevoir leurs salaires, créant une situation de grande précarité.

Face à cette paralysie économique, certains habitants de Goma n'ont d'autre choix que de se rendre dans les banques voisines du Rwanda, notamment à Gisenyi, ville frontalière. Là, ils espèrent pouvoir récupérer leur salaire en devises, comme le dollar américain ou le franc congolais, afin de subvenir aux besoins essentiels de leurs familles. Mais cette solution, bien que partielle, ne résout pas la problématique de fond : l'isolement économique de Goma.

"Nous avons de l'argent dans les banques, mais nous n'y avons pas accès. Comment nourrir nos familles, alors que nous avons des ressources, mais aucune possibilité de les utiliser ?", témoigne un habitant de la ville, désemparé par la situation. Le sentiment d'injustice et de frustration est palpable.

La fermeture des banques est loin d'être le seul problème. L'aéroport international de Goma, un carrefour essentiel pour les échanges commerciaux et humanitaires, est également fermé. Cette situation a des conséquences dramatiques sur l'approvisionnement de la ville en marchandises en provenance de Kinshasa, capitale de la RDC -République Démocratique du Congo-. Le transport aérien est suspendu, et les activités portuaires ne suffisent pas à compenser le manque de transit aérien, aggravant la pénurie des produits de première nécessité à Goma.

L'isolement économique de la ville de Goma s'accompagne également de perturbations dans le commerce entre Goma et Kinshasa. Les travailleurs et les commerçants qui doivent transporter des marchandises de la capitale à Goma souffrent des entraves liées à l'insécurité et à la fermeture des routes. Cette situation a créé un vide économique qui touche particulièrement les secteurs alimentaires et médicaux, provoquant des pénuries qui frappent directement la population.

Malgré les promesses des autorités de Kinshasa, qui assurent travailler à la résolution de la crise et à la restauration de la sécurité, la situation sur le terrain semble de plus en plus désastreuse. Les habitants de Goma, dans leur majorité, continuent de vivre un véritable calvaire. Ils demandent la réouverture des banques, l'accès à leurs salaires et un retour à la stabilité économique et sociale. Les promesses de paix restent vaines tant que l'insécurité perdure.

L'appel à l'ouverture de l'aéroport de Goma et à l'instauration d'un couloir humanitaire est de plus en plus pressant. De nombreuses organisations humanitaires et des pays partenaires ont exhorté à une cessation des hostilités, pour permettre la circulation des biens et des personnes. Mais les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, continuent d'avancer et de gagner du terrain, sans signe de ralentissement des combats.

En conséquence, les populations de Goma poursuivent leur exode, fuyant les violences et l'insécurité croissante. La peur d'une escalade du conflit et la crise économique qui en découle obligent de nombreux habitants à chercher refuge ailleurs, souvent au Burundi et en Ouganda. Les familles sont déchirées, et l'espoir d'une amélioration à court terme semble s'éloigner de jour en jour.

Le conflit en cours au Nord-Kivu a, désormais, des répercussions dramatiques sur les conditions de vie des Congolais. Les habitants de Goma, qui se trouvent pris au piège entre les combats et l'effondrement économique, n'ont d'autre choix que d'espérer un changement rapide de la situation. 

La Communauté internationale reste dans l'attente d'une réponse claire et ferme face à cette crise qui menace non seulement la sécurité et la stabilité de la région, mais aussi l'avenir économique et social de Goma et de ses habitants.

Mardi 11 mars 2025 - 15:31