Guerre d’agression rwandaise : La RDC renforce les mesures contre l’exploitation illégale de ses minerais par le M23 et Kigali 

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Un exploitant artisanal extrait de la cassitérite dans la mine de Nyabibwe en province du Sud-Kivu [photo d’illustration]
Un exploitant artisanal extrait de la cassitérite dans la mine de Nyabibwe en province du Sud-Kivu [photo d’illustration]

Par Prehoub Urprus 

Lors du Conseil des ministres de ce vendredi 14 mars 2025, le Gouvernement congolais a annoncé une série de mesures visant à lutter contre l’exportation illégale de ses minerais, accusant le groupe armé M23 et son soutien rwandais d’alimenter une économie de guerre à travers ce commerce illicite. Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a présenté ces décisions comme une réponse ferme à l’exploitation et à la contrebande des ressources naturelles de la RDC -République démocratique du Congo-.

Parmi les mesures phares, la RDC a classé les sites miniers de Rubaya, dans le territoire de Masisi, et Nyabibwe, dans le territoire de Kalehe, en "sites rouges". Ce qui signifie qu’ils sont désormais considérés comme des zones à haut risque, en raison de leur exploitation illégale par des groupes armés. Tenez, Rubaya produit une part significative du coltan mondial et représente entre 15 et 30 % de la production mondiale de ce minerai essentiel pour l’industrie électronique.

En ajout, le Gouvernement congolais exige désormais la suspension de l’octroi des certificats de la CIRGL -Conférence internationale sur la région des Grands Lacs- aux exportations rwandaises. Kinshasa accuse, en effet, Kigali d’utiliser ces certificats pour légitimer des minerais frauduleusement extraits du sol congolais, avant de les revendre sur le marché international.

En parallèle, le Gouvernement congolais réclame la saisie et la confiscation des minerais exportés depuis le Rwanda, tant que leur origine ne sera pas certifiée par un audit international indépendant. L’objectif est de contraindre la CIRGL à appliquer ses propres règles, en retraçant avec précision l’origine des minerais vendus par Kigali.

Kinshasa veut obtenir la suspension immédiate des certificats d’origine rwandais, jusqu’à ce qu’un audit indépendant confirme qu’ils ne proviennent pas des zones sous contrôle du M23. En mettant cette pression sur Kigali, la RDC cherche à forcer le Rwanda à ouvrir sa chaîne d’approvisionnement à une surveillance internationale et à rendre illégale toute importation de minerais suspects, notamment en Europe et en Asie.

Ces mesures interviennent alors que la Communauté internationale commence à prendre en compte les accusations congolaises sur l’implication du Rwanda dans le conflit de l’Est du pays. Le ministre des Mines a salué les récentes sanctions contre James Kabarebe, conseiller spécial du Président rwandais Paul Kagame, ainsi que contre certains responsables du M23.

Il a également souligné que le Conseil de l’Union européenne envisage de revoir son protocole d’accord sur les minerais stratégiques avec le Rwanda, une décision qui pourrait marquer un tournant dans la pression exercée sur Kigali.

Le Conseil des ministres a pris acte de ces mesures et s’est engagé à suivre leur mise en œuvre avec l’appui des partenaires internationaux, dans l’objectif de protéger les ressources stratégiques du pays et de priver les groupes armés de leurs sources de financement.

Samedi 15 mars 2025 - 10:16