RDC : l’économie congolaise "plus résiliente qu'hier" en dépit de la guerre dans l’est, selon Doudou Fwamba

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Le ministre des Finances Doudou Fwamba
Le ministre des Finances Doudou Fwamba

Par Serge Mavungu 

À Kinshasa, dans le décor feutré de Hilton Hôtel, la soirée du 9 avril 2025 a offert un rare moment de dialogue entre les directeurs généraux de différents médias de la place, de grands reporters de rédaction, la presse internationale et le ministre des Finances, Doudou Fwamba. Une rencontre initiée par l’ONG Toile d’Araignée, dans un contexte où les Congolais cherchent à comprendre comment le pays maintient le cap, malgré la guerre qui sévit dans l’Est.

Face à une salle attentive, le ministre s’est voulu rassurant : "Notre économie est encore plus résiliente qu’hier." Un message fort, porté par une série de chiffres et d’indicateurs, qui tranchent avec la morosité ambiante.

Un contexte difficile, mais sous contrôle

Le ministre a d’abord dressé un rapide retour en arrière. À l’arrivée du Gouvernement de Judith Suminwa, en juin 2024, la situation économique était fragile. L’inflation flirtait avec les 22 %, le franc congolais perdait de sa valeur (-4,8 %), et une bonne partie des dépenses publiques passait par des procédures d’urgence.

Depuis, des réformes ont été engagées. Résultat ? L’inflation a été réduite de moitié, tombant à 10 % en mars 2025. Le taux de change est resté étonnamment stable, malgré les rumeurs d’un accord entre cambistes. "Ce n’est pas un hasard ni une manœuvre de coulisse", a réagi Fwamba. "C’est le fruit d’un travail technique rigoureux."

 

Croissance en hausse et diversification en marche

Sur le front de la croissance, les voyants sont au vert. Alors que les prévisions tablaient sur 4,7 % pour 2024, la croissance a finalement atteint les 6 % selon les partenaires extérieurs, voire 7,9 % selon les estimations nationales.

Mais l’un des faits les plus marquants est ailleurs : pour la première fois, la croissance ne vient pas uniquement du secteur minier. L’économie non extractive a progressé de 3,2 % en 2024, et devrait atteindre 4,2 % en 2025. Pour le ministre, cela prouve que la RDC avance vers une économie plus diversifiée, plus inclusive, et moins dépendante des matières premières.

Des réserves renforcées, une dette maîtrisée

Autre indicateur encourageant : les réserves de change. De 900 millions USD en 2018, elles sont passées à plus de 6 milliards aujourd’hui. Quant à la dette, elle reste largement en dessous de la moyenne régionale : 18 % du PIB contre 58,5 % en Afrique subsaharienne.

Le ministre a également salué la fin du financement monétaire du déficit. Désormais, l’État privilégie l’émission de titres publics, et la confiance des marchés semble au rendez-vous : 93 % des titres émis depuis mars 2025 sont à moyen et long terme, contre seulement 40 % l’an dernier.

 

Une coordination renforcée

Selon Doudou Fwamba, cette relative stabilité repose sur un facteur clé : la bonne coordination entre la politique budgétaire et la politique monétaire. Les plans de trésorerie sont partagés chaque semaine avec la Banque centrale, permettant une meilleure gestion des liquidités. La politique monétaire reste volontairement restrictive, pour éviter un retour de l’inflation.

Point de presse

Une vision à long terme

Pour conclure, Doudou Fwamba a replacé ces efforts dans le cadre de la vision du chef de l’État, Félix Tshisekedi : bâtir un Congo stable, prospère et uni. Cela passe, selon lui, par une gouvernance rigoureuse, une gestion transparente et une mobilisation accrue des ressources internes.

Un discours optimiste, assumé, qui tranche avec le climat sécuritaire tendu, mais qui cherche à projeter l’image d’une économie congolaise debout, contre vents et marées.

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Jeudi 10 avril 2025 - 18:40