
Par la rédaction
" Il ne faut pas que le Congo demeure le cimetière des hommes justes", ne cesse de répéter en longueur de journée l'ancien ministre de la justice Luzolo Bambi. Récompensé ce samedi 16 avril par une médaille d'or de mérite anti corruption à côté de son collègue Augustin Mwendambali, Professeur Luzolo Bambi a dédié particulièrement sa médaille à la population qu'il considère comme victime directe et résignée de la corruption. Devant une assistance sensible aux questions de lutte contre la corruption, Luzolo Bambi a vivement remercié la commission nationale de droit de l'homme ( CNDH) d'avoir organisé le sondage et la chancellerie des ordres nationaux pour l'organisation de ladite cérémonie. Sans détours, Luzolo Bambi a enfin rendu un vibrant hommage au Chef de l'état et à toutes autorités impliquées dans la lutte contre la corruption.
Qui est alors ce rare incorruptible congolais ?
Fils d'un militaire, la discipline et l'ordre ont toujours marqué son cursus. Lui, c'est le Professeur Luzolo Bambi Lessa, l'infatigable et fervent défenseur de l'Etat de droit. Le hasard n'étant pas de son essence, l'ancien Ministre de la Justice reconnaît les efforts menés par les gouvernants en vue de l'instauration d'un véritable État de droit. Le chemin reste encore long et périlleux. Qu'à cela ne tienne, ce chevronné homme de droit, fort de ses compétences qui tapent toujours à l'œil, ne s'est jamais lassé d'apporter sa contribution, à travers ses loyaux services à la nation, à la réalisation de ce rêve, caressé depuis des temps immémoriaux par ses compatriotes Congolais. Il y a bien plus d'une décennie que cet ancien membre de la Cour constitutionnelle s'est mis sur ce sentier, non sans réaliser des résultats à la hauteur des attentes des congolais au regard de la taille de la Corruption en RDC.
Voici que ces résultats ont été reconnus à leur juste valeur par la CNDH qui, assurément autorisée par le Président de la République, Chef de l'État, décerne à Luzolo Bambi une médaille d'or du reste bien mérité.
Un combat, oui faut-il le dire. Chemin périlleux à la fois confronté à des nombreuses épreuves face auxquelles l'intelligence seule n'aurait pas suffi. Bien plus, le courage et l'oubli de soi. Confronté à un conservatisme stagnant, Luzolo Bambi Lessa s'est fixé les objectifs pour lesquels le Congo devrait tirer profit.
Le fameux combat se résume en une double interrogation. D'abord, fraîchement venu de l'Europe (FRANCE) vers les années 2000 avec une thèse de doctorat en droit dans sa gibecière, Luzolo Bambi est très abasourdi par la situation dramatique trouvée au pays. Lui-même fruit de l'Université de Kinshasa, il ne reconnait plus l'Alma mater dont il a eu le bonheur de défendre les couleurs aux côtés d'un certain Évariste Boshab, Jhon MBUYU , Vital Kamerhe, Adolphe Muzito, Jack DJOLI etc... L'homme est dès lors victime de sa culture. Élu secrétaire académique à la faculté de droit, Luzolo Bambi initie avec succès l'opération tolérance zéro au niveau de la faculté. Ladite opération, consistant à remettre de l'ordre, provoqua, quelques jours après, un tollé sans précédent au point, tout en subissant des critiques acerbes. « On a failli me liquider », se rappelle le désormais l'égérie congolaise de la lutte contre la Corruption.
Révolté tel un véritable révolutionnaire, l'ancien Ministre de la Justice et de Garde Sceaux se rappelle aussi les différents mouvements de contestation initiés contre le Régime du Président Mobutu. « En première année de graduat, nous étions logés, nourris et payés. On nous payait 42 Zaïres. L'étudiant avait plus qu'un fonctionnaire. Pourquoi moi aujourd'hui au pouvoir ne suis-je pas en mesure de le faire avec la nouvelle génération? Qu'est-ce qui a changé? », s'est-il interrogé sur un ton de regret, avant d'indiquer que le problème se pose au niveau de la gestion orthodoxe des finances publiques.
« Si la jeunesse d'aujourd'hui ne tient pas à l'oeil la gouvernance judiciaire et ne se ligue pas résolument contre la Corruption, nos petits enfants risque d'étudier demain à même le sol », alerte le Professeur Luzolo.
Son passage en 2002 en tant que Commissaire Général Adjoint du Gouvernement chargé de la réinsertion des déplacés des guerres contribua efficacement à son combat contre l'impunité.
En effet, en cette même année, il participa activement à la ratification par la RDC du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale. L'Homme dont l'ntègrité et loyauté ne font plus l'ombre d'aucun doute , Emmanuel Luzolo Bambi se rendant bien compte qu'il n'y avait pas de dispositif répressif efficace et efficient en RDC pour pouvoir protéger les victimes et poursuivre les présumés auteurs des crimes internationaux. C'est ainsi qu'en 2004, il sera désigné comme le point focal entre la RDC et la justice pénale internationale. Il jouera ce rôle pendant près d'une quinzaine d'années. Concrètement, Professeur Luzolo a participé dans tous les accords d' émancipation de la justice de la RDC notamment dans sa jonction avec la Cour pénale internationale. Grâce à son génie, Professeur Luzolo a su identifier les failles de la justice congolaise. Il finira par comprendre que la base nombreuses guerres et rébellions qu'à connu et que continue à connaître notre pays c'est la corruption. les Guerres qu'il qualifie d'ailleurs de "Mining Terrorism ".
Le Professeur LUZOLO Bambi Lessa pense que c'est dans la révolte dû au sentiment d'injustice subie que naît l'engagement de combattre pour la justice.
La deuxième expérience sur laquelle repose son interrogation est que nommé en 2008 comme Ministre de la Justice et Garde Sceaux dans le Gouvernement d'Adoph MUZITO, le Professeur LUZOLO Bambi Lessa s'attaque au phénomène "KULUNA" et le combat par la tenue des audiences foraines dans le pays et < le transfèrement croisés> des détenus à travers les Prisons de la République notamment ANGENGA, OSIYO, BULUWO et il dénonce la justice à deux vitesses et le Club des intouchables, c'est-à-dire des criminels à col blanc (KULUNA en cravate).
Ce fût entre ses mains que les Nations Unies avait remis le célèbre Rapport MAPPING pour la RDC en 2010. A cette époque déjà, ayant identifié les difficultés de création d'un Tribunal Pénal international pour la RDC dont la mise en œuvre est subordonnée à la volonté du Conseil de Sécurité de l'ONU, cette fierté congolaise avait suggéré la création d'une Cour spéciale des droits de l'homme, formule plutard copiée en République Centrafricaine ( en 2018).
Dans le chapitre de la lutte contre la corruption l'histoire se souviendra, pour la toute première fois en RDC de l'arrestation et de la détention à la Prison Centrale de Makala de douze expatriés pour corruption en 2009, de même que l'attestation des plusieurs mandataires congolais dont les comités de gestion de la DGRK, les Responsables du secteur sportif, les responsables de la société ZENUFA pour la vente des fausses quinine et l'arrestation du super puissant libanais Saeb ( Mino Congo), les constructeurs des traverse des passerelles sur le Boulevard lumumba etc...Tête haute, c'est en 2012 qu'il quitta son poste. Entre 2014 et 2015, Luzolo Bambi fera un bref passage à la cour constitutionnelle avant d'être nommé été nommé en 2015 Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la Corruption, le Blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Fier de son parcours très élogieux, un peu méticuleux, le Professeur Luzolo Bambi s'estime très heureux de recevoir la médaille d'Or loin de toutes les fonctions politiques. « Dans l'histoire de l'administration de notre pays on n'a pas honoré les gens qui ont lutté contre la corruption.» En tant que service de la Présidence de la République, nous pensons que la chancellerie a honoré le Professeur luzolo bambi et son collègue Saint-Augustin WENDAMBALI avec l'accord de la Haute hiérarchie.
Homme de terrain, Professeur Luzolo se réserve de dévoiler ses regrets parce qu'en parler c'est violer les devoirs de réserve auquel il est farouchement attaché comme un véritable homme d'Etat, le sens de l'État oblige.
A la question de savoir s'il est satisfait de son combat ou non, l'Ancien Ministre de la justice et de Garde Sceaux se soulage que la lutte contre la corruption bien que perfectible soit quand même devenue un enjeu national aujourd'hui transcendant les considérations partisanes et au-delà de toute tendance politique.
Ce qu'il faut reconnaître dans son combat c'est la constance et non les résultats. Professeur Luzolo pense que la lutte contre la corruption est possible en RDC. Il faut non seulement la volonté politique mais aussi et surtout une implication collective.
« L'essentiel de ma pensée est repris dans mes différents ouvrages. Mon vœu est que le Congo ne soit pas un cimetière des hommes et des femmes justes. Que le Congo devienne le pays des hommes et femmes intègres et cela est possible. J'ai mené plusieurs combats dans ma vie je n'en ai pas reçu de médaille. Je remercie sincèrement Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat pour avoir autorisé l'octroi de cette médaille.