
Par Bijou NDJODJI BATEKO
Sauf imprévu ou changement de dernière minute, c'est ce mardi, dans la matinée, que le journaliste Stanis Bujakera, Directeur de publication adjoint du média en ligne Actualité.cd, va sortir du CPRK -Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa-, ex-prison centrale de Makala, en homme libre. Cela, après avoir été condamné à six (6) mois de servitude pénale et sommé de payer une amende d'un million de francs congolais par le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe.
Puisque cette peine de 6 mois correspond, en termes de durée, au temps déjà passé en détention préventive, depuis son arrestation le 8 septembre 2023, Stanis Bujakera quitte la prison ce mardi, si toutes les formalités sont remplies. Sa condamnation est donc assortie de circonstances atténuantes.
Pour rappel, Stanis Bujakera était arrêté et accusé d'avoir fabriqué une note confidentielle attribuée à l'ANR -Agence nationale des Renseignements-. Laquelle note était à la base d'un article de presse publié par le magazine Jeune Afrique, et qui mettait les renseignements militaires en lien direct avec les circonstances de la mort du ministre honoraire des Transports, Chérubin Okende. Article dont Stanis Bujakera, correspondant au magazine panafricain franco-tunisien, n'a pourtant pas été signataire.
Vivement l'appel
Pas satisfaite du prononcé du verdict, la Défense promet d'interjeter appel. Histoire de laver l'image du journaliste, qui est, selon son conseil, innocent.
L'un des avocats de la Défense, Maître Jean Marie Kabengela, justifie l'interjection de cet appel, par le fait que "c'est une dénaturation des faits" par le Tribunal a "pris partie", avec les juges qui n'ont pas "examiné correctement tous les moyens de défense déposés, pour prouver l'innocence de Stanis Bujakera".
"Le RAJEC emboîte le pas à la Défense"
Parmi les organisations professionnelles de journalistes mécontentes de cette décision du Tribunal, figure le RAJEC -Rassemblement de Journalistes pour l'émergence du Congo-, qui, le même jour, a rejeté "en bloc la condamnation à 6 mois du journaliste Stanis Bujakera".
Pour le porte-parole du RAJEC, Edmond Izuba, qui a invité Stanis Bujakera à interjeter appel, "cette condamnation honteuse s'apparente à un arrangement politique et non une décision judiciaire".
Actualité.cd derrière la Défense
Même le média en ligne où Stanis Bujakera est Directeur de publication adjoint, Actualité.cd, a invité les avocats du journaliste à interjeter appel. Car, ce média estime que son Directeur de publication adjoint est innocent.
Dans un communiqué publié le même jour du verdict, Actualité.cd s'est dit convaincu que "tous les moyens de Défense n'ont pas été correctement examinés".
JED, "Bujakera innocent"
Bien avant même le prononcé du jugement, JED -Journaliste en Danger-, une organisation de défense des droits de journalistes, avait déjà crié à l'innocence de Stanis Bujakera.
"Puisqu'il est établi que Stanis est innocent de toutes ces accusations, nous n'attendons rien d'autre que son acquittement", avait déclaré Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED, au terme d'une activité que son organisation avait organisé lundi dernier, dans la matinée, pour appeler les journalistes à la mobilisation.
Mobilisation internationale
Notez que vendredi dernier, devant l'ambassade de la RDC -République démocratique du Congo-, en France, plusieurs journalistes internationaux, pour la plupart, membres du RSF -Reporters sans frontières- et/ou travaillant à Jeune, s'étaient mobilisés pour exiger la libération de Stanis Bujakera.
Même certaines ambassades, dont celles de l'Allemagne, du Canada, de la France, de la Norvège, des Pays Bas et de la Suisse, avaient, dans une déclaration conjointe datée du 14 mars courant, exprimé leurs préoccupations par rapport à la détention continue du journaliste Stanis Bujakera, non sans appeler "les autorités [rd-congolaises] à assurer un procès juste et équitable, en accord avec le droit national et international".