Nord-Kivu : Plus de 300 violations des droits humains recensées en moins d’un mois dont 47 meurtres dans les zones occupées par le M23/AFC 

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Les militaires de l'AFC M23 à Goma [photo d'illustration]
Les militaires de l'AFC M23 à Goma [photo d'illustration]

Par la Rédaction 

Les Conseils Communaux de la Jeunesse de Goma et de Karisimbi, ainsi que le Conseil Territorial de la Jeunesse de Rutshuru ont tiré la sonnette d’alarme dans un rapport accablant, publié le 3 juillet, couvrant la période du 7 juin au 3 juillet 2025. Leur bulletin, basé sur des données collectées dans les zones occupées et environnantes, révèle une série d’atteintes aux droits humains et d’actes de violence d’une gravité alarmante.

Au total, le rapport recense 47 personnes tuées par balles, 20 corps sans vie retrouvés, 14 cas d’enlèvements, 75 cas de viols, 66 cas de pillages de maisons, boutiques et kiosques, 25 blessés par armes à feu ou blanches, 63 maisons incendiées, et 5 accidents mortels de la circulation, entre autres exactions. Une statistique tragique qui, selon les auteurs du rapport, ne reflète qu’une partie de la réalité dans ces territoires largement hors du contrôle de l’État congolais.

Les jeunes de ces conseils dénoncent avec vigueur la dégradation du climat sécuritaire, en particulier à Goma et dans les territoires environnants contrôlés par les M23/AFC, qu’ils accusent d’exécutions sommaires, de recrutements forcés et de bouclages arbitraires. Ces opérations mèneraient à l’arrestation de centains de jeunes hommes, présentés ensuite comme des volontaires lors de meetings publics.

En dépit des affirmations du M23/AFC selon lesquelles Goma serait "sécurisée", les populations locales vivent dans une peur constante, prise en étau entre les groupes armés et l’absence de toute protection étatique effective. Les meurtres ciblés se sont multipliés ces derniers jours, touchant notamment un médecin bien connu dans la province et un artiste-cinéaste.

Par ailleurs, la pression économique s’accentue également sur les populations. Le recouvrement forcé de taxes, imposé par les autorités de fait, frappe des citoyens déjà appauvris, dont beaucoup ont perdu l’accès à leurs comptes bancaires en raison de la fermeture des institutions financières dans les zones contrôlées par l'AFC/M23.

Le rapport souligne également la recrudescence de pillages et d’attaques armées, y compris à proximité immédiate des positions tenues par l’AFC-M23. Les auteurs évoquent un sentiment d’abandon ressenti par les populations, privées de recours et exposées quotidiennement aux pires formes d’abus, allant jusqu’à l’occupation de maisons privées par les forces d’occupation.

Face à cette situation critique, les conseils de la jeunesse appellent la communauté nationale et internationale à réagir sans délai. Ils exhortent les autorités à s’engager dans des enquêtes indépendantes, pour identifier les responsables de ces crimes, à rétablir l’autorité de l’État dans les zones occupées et à veiller à la mise en œuvre effective de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité, censée garantir la protection des civils.

Enfin, les jeunes recommandent la mise en place de sanctions sévères à l’encontre des auteurs des violations des droits humains et de leurs complices, tout en plaidant pour une aide humanitaire accrue aux populations sinistrées. Ils rappellent qu’il ne saurait y avoir de paix durable sans justice ni réparation pour les victimes.

Vendredi 4 juillet 2025 - 14:15