Congo hold-up: Comment la Rawbank et la BCC sont aussi trempées dans le détournement des 43 millions de dollars à la BGFI Bank

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Le bâtiment de la Banque centrale du Congo [Image d'illustration]
Le bâtiment de la Banque centrale du Congo [Image d'illustration]

Par Gabin K.

Outre Joseph Kabila, la BGFI Bank est la seule personne (morale) directement et nommément accusée de détournement par "Congo hold-up", une enquête menée par un consortium de médias et ONG. Est-ce que cela est réellement vrai? N'y a-t-il pas d'autres personnes morales et physiques impliquées dans ce détournement?

Ces questions ont taraudé les esprits au sein de la rédaction d'opinion-info.cd au point de nous pousser à initier une enquête dans une enquête. Posons, avant toute chose, que la Rawbank, un ministre et deux directeurs de la Banque centrale du Congo (BCC) ont eu une forte implication (et même influence) dans le déplacement des fonds depuis leur provenance (BCC) jusqu'à la BGFI Bank via la Rawbank. En termes plus clairs, sur instruction du ministre des Finances, les deniers publics ont été transférés du compte de la BCC à la Rawbank à celui logé à la BGFI. Cette dernière, par la suite, a été instruite par la BCC à placer les fonds dans le compte EGAL logé à la même banque. Comment les opérations se sont déroulées? Découvrons cela ensemble.

Orchestration du détournement

Les documents obtenus au cours de nos enquêtes attestent que la société EGAL a bel et bien reçu, sur un de ses comptes bancaires ouverts chez BGFI Bank, USD 42,9 millions provenant de la BCC.

Ici, il y a déjà une première faute. La BCC n'est pas autorisée à transférer de l'argent vers des comptes privés. Pourquoi l'a-t-elle fait? Pourquoi les auteurs de ce transfert (notamment deux directeurs à la BCC qui ont autorisé l'opération) ne sont-ils pas dénoncés alors qu'ils sont encore aux affaires? Il y a visiblement intention de protéger les uns au détriment des autres. Mais à quel prix?

Un autre fait, issu de notre enquête et qui corrobore un des éléments de "Congo hold-up", se rapporte à ceci: la BCC, en ouvrant son compte chez la BGFI Bank, a ordonné le virement de 43 millions de dollars depuis son autre compte logé à la Rawbank. Cette découverte fait émerger des questions : est-ce une simple coïncidence que le fonds sorti de la Rawbank soit le même que celui transféré par la BCC à la BGFI? Si le transfert ainsi fait de ce fonds, constitue un détournement des deniers publics, pourquoi ne pas s'intéresser à la Rawbank qui a été à la base du premier virement vers la BGFI Bank? Pourquoi s'en prendre à la BGFI Bank qui n'a fait qu'exécuter l'ordre reçu de son hiérarque?

Autant d'interrogations qui laissent entrevoir un acharnement contre la BGFI Bank alors que certaines autorités de cette institution bancaire rassurent, depuis bien de temps, qu'une "réforme profonde de la filiale BGFI Bank RDC" a été opérée pour consacrer une "rupture totale avec le passé et une collaboration totale avec les autorités judiciaires". Et ce, en menant des "actions contre toutes les personnes qui ont eu à commettre des actes répréhensibles au sein de la Banque".

 L'IGF secouée !

Au regard de ces faits et de cette disposition de la banque à collaborer avec la justice, la position radicale de l'IGF inquiète, non sans provoquer un torrent d'interrogations. Pourquoi l'IGF ne considère pas les instructions de paiement signées par des autorités habilitées à la BCC ni n'inquiète ces autorités encore aux affaires ? Pourquoi l'IGF ne veut pas établir la responsabilité des institutions et des individus qui représentaient celles-ci au moment des faits et qui ont pris part active dans ces opérations ? Pourquoi l'IGF refuse de considérer la bonne volonté affichée par la BGFI Bank en réussissant, à elle seule, à lier les fonds issus de la BCC et prêtés à EGAL avec les fonds actuellement disponibles sur le compte de cette dernière à la BGFI?

Pourtant, cette banque est la seule institution à avoir pu prouver que cela n'est pas une coïncidence, démontrant ainsi sa bonne foi et sa volonté manifeste à faire triompher la lumière dans cette affaire.

BGFI Bank, victime d'un système de prédation 

Nos enquêtes ont en plus révélé que les fonds, dont il est question, sont, à ce jour, retracés et disponibles sur le compte de la BCC à la BGFI Bank. Ces fonds, jamais réclamés par la BCC, ont même fait l'objet d'une rémunération. 

Par ailleurs, de l'avis de certains spécialistes des questions bancaires, la BGFI Bank se retrouve victime d'un système dominé par des personnalités de haut rang qui usent de leur pouvoir pour manipuler à leur gré les deniers publics.

Mercredi 1 décembre 2021 - 12:30