Par Bijou NDJODJI BATEKO
La messe n'a même pas encore été dite, diraient d'aucuns. Mais le gâteau, lui, déjà partagé. Version eucharistique d'une messe noire.
L'expression "partage du gâteau", allusion faite à la manière dont les "ventriotes" politiques rd-congolais s'accrochent aux mamelles du pouvoir, date du mobutisme. Le Cardinal Fridolin Ambongo n'en est donc pas le géniteur. Le Prélat ne s'en était que servi. Peut-être. Juste pour caricaturer, en bon enseignant pittoresque, la boulimie des dirigeants politiques, qui s'empiffrent des postes tant électifs que nominatifs.
Aujourd'hui, alors qu'en théorie, les tenants de la mangeoire et leurs affidés en voulaient à l'évêque métropolitain de Kinshasa, voilà que, dans la praxis, leur avidité éclate au grand jour et donne raison à ce Père de l'Église, Berger des âmes rd-congolaises meurtries.
Pas besoin de s'en prendre aux oligarques coloniaux. Les nouveaux oligarques made in congolais sont là, à la faveur du néocolonialisme concocté par les occidentaux, au détriment des Congolais.
À la Chambre basse du Parlement, les membres du Présidium de l'USN -Union sacrée de la Nation-, à quelques exceptions près, ont prouvé que sous les tropiques rd-congolaises, c'est la loi du plus fort qui dicte tout. Ce sont les membres du Présidium de l'USN qui dirigent le pays, ou ils l'ont tout simplement pris en otage ?
Loin de répondre à cette question, qui, du reste, est déjà suggestive de la réponse, les membres du Présidium de l'USN ont, du moins, réussi à imposer leur diktat. Un véritable oukase. Il suffit, pour s'en rendre compte, de se référer au maintien du ticket imposé par les membres du Présidium de l'USN à la Chambre basse du Parlement, malgré la clameur publique d'une frange des députés nationaux membres de cette même mouvance présidentielle.
Pas étonnant si, demain, Jean Michel Sama Lukonde, lui aussi faisant partie du Présidium de l'USN, s'accapare du perchoir de la Chambre haute du Parlement. La démarche serait déjà activée dans ce sens. Pourquoi d'ailleurs s'en étonner ou en vouloir au prédécesseur de Judith Suminwa Tuluka, dès lors que Christophe Mboso a réussi, grâce à sa commission, à écarter la candidature de Mbusa Nyamwisi Antipas, pour rester le candidat unique au poste du Deuxième Vice-président de l'Assemblée nationale ?
Dans une République pourtant démocratique, la démocratie n'est plus qu'un miroir aux alouettes. Le favoritisme et le népotisme ont pris le large sur les valeurs morales, démocratiques et républicaines pour lesquelles, pourtant, Étienne Tshisekedi wa Mulumba d'heureuse mémoire a combattu toute sa vie durant.
Ceci expliquant cela, de la même manière que rien n'est laissé à la frange des députés nationaux contestataires, malgré le tollé général, les Congolais ont moins de chance d'espérer attendre grand-chose de cette nouvelle oligarchie qui s'est déjà installée. Un véritable atavisme du Comité central du MPR -Mouvement populaire de la Révolution-, parti État de feu le Maréchal Joseph Désiré Mobutu, "Roi du Zaïre".
La guerre des intérêts à laquelle l'opinion a assisté, médusée, lors du "partage du gâteau" à l'Assemblée nationale, pendant que des Congolais meurent dans la partie orientale du pays, ne trahirait-elle pas l'attitude indifférente de ceux qui, pour flouer les esprits faibles, claironnent à longueur des journées œuvrer pour le Congo et son peuple ?
À moins de souffrir de la cécité pour ne pas voir la privatisation de la République par les membres du Présidium de l'USN. Pas besoin d'avoir le don d'ubiquité pour constater l'inanition de la Nation dans toutes les provinces.
Même si dans son ouvrage intitulé " Entre la Révision de la Constitution et l'inanition ", le professeur Evariste Boshab était favorable à la modification de la Loi fondamentale, pour éviter la sclérose constitutionnelle qui, selon lui, bloquera le pays non sans le plonger dans la consomption, ici, ce sont les nouveaux oligarques version rd-congolaise qui sacrifient toute la République sur l'autel de leurs intérêts mesquins et égoïstes.
Loin d'être un prophète des malheurs, la présence de ces oligarques dans le Gouvernement Tuluka risquera de constituer une pesanteur. Et le Chef de l'État aura été prévenu, s'il veut vraiment que les erreurs du passé ne puissent pas se reproduire durant son deuxième mandat en cours.