![La population déplacée au nord-Kivu [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-04/IMG-20250401-WA0029.jpg?itok=K2ejvsZE)
Par la Rédaction
La crise humanitaire qui secoue l'est de la RDC -République démocratique du Congo- continue de s'aggraver, notamment dans la province du Maniema. Selon un rapport conjoint de l'administrateur du territoire, du médecin chef de zone et de la société civile de Lubutu, consulté par nos confrères de actualité.cd, 21 000 personnes fuyant les violences dans le territoire de Walikale, situé au Nord-Kivu, ont trouvé refuge dans cette commune rurale.
Les déplacements ont commencé bien avant l'occupation de Walikale par les rebelles du M23/AFC. Mais entre janvier et mars 2025, le nombre de déplacés a explosé, atteignant des chiffres alarmants. Certains habitants avaient anticipé la menace et s'étaient déjà déplacés avant l'arrivée des rebelles. Toutefois, le véritable afflux a eu lieu au début de l'année 2025, lorsque les affrontements ont pris de l’ampleur.
À Lubutu, une partie des déplacés vit dans des familles d'accueil, tandis que d'autres se réfugient dans des églises et des écoles, notamment dans des établissements tels que l'EP 1 Aleka Unda, l’EP 2 Aleka Unda, l’EP Guyeni et l’EP Mukamba. La situation est catastrophique, et la population locale, déjà fragile, peine à faire face à l’afflux massif de déplacés.
Les conditions de vie dans ces structures d'accueil sont particulièrement précaires. Le rapport met en évidence la promiscuité dans les ménages d'accueil et les établissements scolaires, où les déplacés sont entassés dans des espaces limités, rendant la situation difficile pour tout le monde. "Les écoles et les églises, censées offrir un refuge temporaire, ont du mal à fonctionner", note le rapport, soulignant l'impact sur la scolarité des enfants déplacés.
Le manque de fournitures scolaires constitue un autre obstacle majeur. En conséquence, une grande partie des enfants déplacés risquent de rester hors du système scolaire, ce qui aura des répercussions à long terme sur leur avenir.
L’arrivée massive des déplacés a aussi des conséquences sur la sécurité alimentaire des familles hôtes. Le rapport mentionne que les familles d'accueil, déjà vulnérables, ont dû réduire le nombre de repas quotidiens. Là où elles pouvaient se permettre de donner deux ou trois repas par jour, elles n’en offrent désormais plus qu’un seul, et celui-ci est insuffisant en quantité et qualité.
Cette situation met encore davantage sous pression des populations déjà en difficulté avant l’arrivée des déplacés, d'autant que seulement 20% de la population de Lubutu avait accès à l'eau potable avant la crise.
Les violences subies par les femmes pendant leur fuite sont également préoccupantes. Plusieurs femmes violées au cours du déplacement se sont présentées dans les structures sanitaires locales, soulignant l'ampleur des violences sexistes et la nécessité de renforcer la prise en charge médicale. Toutefois, de nombreux incidents restent non documentés en raison du manque de ressources et de capacités opérationnelles des partenaires humanitaires.
La situation dans les zones de santé de Lubutu et d’Obokote reste particulièrement critique. Ces deux zones sont limitées dans leur capacité à prendre en charge les malades, ce qui empêche une réponse adéquate à la crise sanitaire qui se profile.
Face à cette situation alarmante, les auteurs du rapport lancent un appel à l’aide urgente. Ils insistent sur la nécessité de renforcer les capacités des structures sanitaires locales, d’apporter des fournitures scolaires pour les enfants déplacés et de garantir un accès à l’eau potable, pour les populations vulnérables. La distance qui sépare Lubutu de Walikale (202 kilomètres) complique encore davantage les efforts de secours, d'autant que Walikale reste occupé par les rebelles du M23, empêchant toute possibilité de retour pour les habitants déplacés.