
Par Prehoub Urprus
À Uvira, actuel chef-lieu provisoire de la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la RDC-République démocratique du Congo-, ce mois d’avril 2025 rime désormais avec angoisse. Les eaux du lac Tanganyika, sorties de leur lit, gagnent du terrain et submergent tout sur leur passage. Maisons inondées, routes coupées, familles en fuite : la ville revit un scénario devenu presque saisonnier.
Depuis le rivage jusqu’aux quartiers intérieurs comme Rombe 2 et Kasenga, les habitants assistent impuissants à la montée silencieuse du lac. "Chaque année, c’est pareil en avril. L’eau arrive, et on recommence à zéro", confie un père de famille dont la maison a été envahie pour la troisième fois en cinq ans.
Ce phénomène, qui prend racine dans les effets persistants du changement climatique, bouleverse la vie des riverains depuis 2020. Des centaines de familles ont déjà dû quitter leurs habitations. Certaines, à peine revenues, sont à nouveau contraintes de fuir.
Face à l’urgence, la population tente de résister. À la pelle et au courage, on élève des digues de fortune avec du sable, espérant freiner la progression de l’eau. Mais pour beaucoup, ces gestes ne suffisent plus.
Plus inquiétant encore : le marais de Nyangara menace de rejoindre le lac Tanganyika. Cette éventuelle jonction naturelle pourrait engloutir des infrastructures stratégiques, notamment la route reliant Bujumbura à Uvira, au niveau de Kavimvira, et compromettre le fonctionnement de la frontière RDC-Burundi, récemment réhabilitée mais déjà fragilisée par les inondations.
Sur le terrain, la situation devient intenable. Les déplacements sont compliqués, les activités économiques paralysées, et les appels à l’aide se multiplient. Les sinistrés réclament désormais une réponse forte de l’État : des mesures de relogement, des travaux durables de protection et une véritable stratégie d’adaptation face aux dérèglements climatiques.