Par Prehoub Urprus
À Walowa Loanda, dans le territoire de Walikale, le silence a remplacé les cris des enfants et le bruit des champs. Depuis près d’une semaine, cinq villages sont déserts, vidés par une guerre intestine qui oppose deux factions du groupe armé Kifua-fua, désormais lancées dans une lutte violente pour le contrôle du territoire.
Selon Radio Okapi, tout a basculé le 24 avril, à la suite d’une violente altercation entre deux chefs rivaux : Shukuru d’un côté, Sango Muhima, surnommé Makucha-Makucha, de l’autre. L’enjeu : le contrôle du village stratégique de Kando, dans la localité de Bana Mungera, au cœur du secteur des Wanyanga. Ce qui n'était qu'une tension interne s’est vite transformé en affrontements ouverts.
Entre vendredi et dimanche de la semaine dernière, les villages de Kando, Malembe, Bishata, Mindjendje et Bagira ont été le théâtre d’une spirale de violences : maisons incendiées, notables enlevés, civils brutalisés et pillages systématiques. Des familles entières ont fui dans la précipitation, laissant derrière elles biens, bétail et souvenirs.
Mais plus inquiétant encore : le conflit militaire commence à raviver des tensions interethniques. La fracture entre les communautés Tembo et Nyanga, jusqu’ici contenue par des années de cohabitation fragile, s’élargit au rythme des combats et des représailles.
"Ce qui se passe ici dépasse une simple querelle de milices. Cela commence à gangréner notre tissu social", s’alarme un notable local, sous couvert d’anonymat.
Malgré l’appel au calme lancé par le chef de secteur des Wanyanga, la peur persiste. Les déplacés, retranchés dans les forêts ou hébergés chez des proches dans d'autres villages, refusent encore de regagner leurs maisons. Ils savent que tant que les armes parleront, aucun foyer ne sera sûr.
À Walowa Loanda, la paix paraît de plus en plus lointaine, éclipsée par les querelles de leadership, les armes des factions et le silence des autorités nationales.