![Les femmes, premières victimes dans les crises à répétition dans l'est de la RDC [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-05/IMG-20250526-WA0025.jpg?itok=21gUnt7K)
Par Prehoub Urprus
Ils sont plus de deux mille foyers, fuyant les assauts meurtriers des ADF, à s’être réfugiés à Vuyinga, au cœur de la chefferie des Baswagha, dans le territoire de Lubero, au Nord Kivu. Depuis plusieurs semaines, ces familles vivent dans des conditions indignes, oubliées de tous, sans aide ni espoir immédiat de retour.
Des matelas posés à même le sol, une dizaine de personnes entassées dans des pièces étroites, et une menace invisible mais réelle : celle des maladies. Voilà le quotidien que décrit Vianney Kitswamba, coordinateur local de la protection communautaire, qui sonne l’alerte.
"Cela fait plus d’un mois qu’ils survivent sans aucune assistance. La situation est invivable. Il suffit d’entrer dans une seule maison d’accueil pour comprendre la gravité : promiscuité, faim, peur...", confie-t-il.
À Bulengya, le récit est le même. À Makoko, Kiseghe, Nkoy ou encore Kasiyiro, les villages se vident. Les habitants fuient les exactions des rebelles ADF et de leurs alliés. La terreur se répand, silencieuse et persistante. La chefferie des Baswagha est devenue une terre d’errance, un espace suspendu où l’on attend la paix sans trop y croire.
Face à cette urgence humanitaire, Vianney Kitswamba implore les autorités militaires d’agir pour sécuriser la zone et permettre le retour des déplacés.
"Il faut fouiller la zone, rassurer les civils, et surtout, restaurer l’autorité de l’État. Sinon, ces gens resteront coincés dans cette détresse, sans avenir", plaide-t-il, en appelant aussi aux ONG humanitaires et au Gouvernement central, que l’on n’abandonne pas ces familles. "Que la République se souvienne d’elles", insiste-t-il.
En attendant, à Vuyinga, les jours passent, les ressources s’épuisent, et la peur ne quitte pas les regards. Les déplacés ne réclament pas l’impossible : juste la paix, et le droit de rentrer chez eux.