![Inhumation de civils victimes de massacre au village Luhanga dans la province du Nord-Kivu [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-06/IMG-20250613-WA0004.jpg?itok=ocm8xjTK)
Par Prehoub Urprus
Le 12 juin n’est plus un jour ordinaire dans le Nord-ouest du territoire de Lubero, au Nord-Kivu. C’est désormais une date gravée dans la douleur collective. Un an jour pour jour après l’attaque sanglante de Maikengu, les populations de Bapere et de Baswagha ont marqué un temps d’arrêt. Une journée ville morte, sans bruit ni commerce, pour faire mémoire : plus de 1.500 vies fauchées, des dizaines de villages décimés, des familles entières disparues.
Tout a basculé ce 12 juin 2024. À Maikengu, groupement Bapakome, des présumés terroristes ADF ont semé l’horreur : plus de 45 civils décapités, des habitations réduites en cendres, et un silence de mort qui s’est abattu sur le secteur de Bapere. Depuis, l’insécurité s’est répandue comme une traînée de poudre, engloutissant plus de 20 localités, de Bapere à Baswagha.
Un an après, les blessures restent béantes. "Nous avons observé cette journée pour ne pas oublier. Les écoles sont vides, les champs abandonnés, les familles déplacées. On ne peut plus vivre comme si de rien n’était", témoigne Fiston Kabunga, président de la société civile à Njiapanda. Sa voix tremble, mais reste ferme : il exige une action concrète, pas des discours.
Le tableau est accablant : plus de 50.000 familles errent sans toit, privées d’aide humanitaire, condamnées à survivre dans un oubli presque total. Les forces congolaises et ougandaises, pourtant déployées dans la zone, peinent à enrayer les massacres. "Nous ne voulons plus de simples patrouilles visibles. Nous voulons des opérations efficaces. Il faut traquer ces tueurs avec rigueur et détermination", martèle Kabunga.
À Butembo, des étudiants originaires de Manguredjipa ont, eux aussi, suspendu leurs activités ce 12 juin. Une journée de méditation, en silence, pour se souvenir. Car, dans leurs villages, la mort est devenue une présence familière. Une génération entière vit dans la peur et le déracinement.
Ce mémorial ne visait pas seulement à se souvenir. Il portait aussi un appel : que la République se réveille. Que les autorités regardent, enfin, cette partie de la province, souvent reléguée au second plan. Que justice soit rendue aux victimes. Et que plus jamais un 12 juin ne se répète dans le sang.