![Un site des déplacés dans la province de l’Ituri [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-08/IMG-20250815-WA0146.jpg?itok=HRDuNxdN)
Par Prosper Buhuru
La situation humanitaire en Ituri atteint un seuil critique. Dans un rapport publié ce vendredi 15 août 2025, OCHA -Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies- fait état d’au moins 127 civils tués en moins de deux mois dans des violences armées, principalement dans les territoires de Djugu et d’Irumu.
Rien que dans le territoire de Djugu, entre le 11 et le 13 août, une série d’attaques menées par des groupes armés dans plusieurs villages, dont Iga Barrière, a causé la mort de sept civils et blessé treize autres. Les sites de déplacés de Lindji, Iga 1 et Mudhu ont été particulièrement touchés. Cette flambée survient après un mois marqué par des affrontements dans les zones de santé de Nizi, Linga, Fataki et Lita, qui ont déjà fait 47 morts, 33 blessés et plus d’une dizaine d’enlèvements.
Les conséquences humanitaires sont lourdes : près de 82.800 personnes ont fui leurs foyers entre mi-juillet et mi-août, se réfugiant dans les zones de Nizi, Lita, Bambu et Mangala. Plusieurs centaines de maisons et plus de 2300 têtes de bétail ont été pillées ou détruites. Dans la seule zone de santé de Nizi, neuf structures médicales sur douze sont désormais inopérantes, privant les habitants d’un accès vital aux soins.
L’accès humanitaire est également compromis. La Route nationale 27 (RN27), axe essentiel pour ravitailler les zones de Nizi, Fataki, Bambu, Mangala et Rethy, reste coupée par les combats, isolant environ 256.500 personnes de toute assistance.
Au sud de l’Ituri, la situation n’est guère meilleure. Les incursions attribuées aux combattants ADF dans le territoire d’Irumu, perçues comme des représailles aux opérations militaires lancées début juillet à Mambasa, ont particulièrement frappé l’axe Komanda–Luna. Entre le 26 et le 28 juillet, au moins 52 civils ont été tués dans la zone de santé de Komanda, dont 43 à Komanda-Centre.
Face à cette détérioration rapide, OCHA appelle toutes les parties au conflit à protéger les civils et à garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire.