
Par Prehoub Urprus
Le PNVi -Parc National des Virunga-, doyen des aires protégées d’Afrique, a célébré, ce 21 avril 2025, son centenaire à Beni, au Nord-Kivu, dans un contexte mêlant fierté, deuil et espoir. Malgré un siècle marqué par des menaces multiples, le parc continue d’incarner la résilience et l’engagement pour la biodiversité et le développement communautaire.
Classé patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc évolue aujourd’hui dans un environnement particulièrement instable : près de 50% de son territoire est sous occupation armée, avec environ 1.500 éléments actifs autour de ses limites. Le trafic illicite des ressources naturelles y génère jusqu’à 30 millions de dollars par an, alimentant l’économie de guerre.
Face à cela, 1.516 agents, incluant les éco-gardes de l’ICCN, les civils de la Fondation Virunga et les techniciens de Virunga Énergies, se relaient au quotidien, parfois au péril de leur vie. Plus de 220 éco-gardes ont été tués ces vingt dernières années.
Malgré les pressions, aucune espèce n’a disparu en cent ans. La population des gorilles de montagne progresse de 4,5% par an, atteignant 350 individus, dont 251 habitués. Les éléphants sont désormais 544, un record depuis quatre décennies, et la population d’hippopotames reste stable à 1.300.
Des campements fortifiés, des clôtures électriques et la matérialisation de 577 km de limites protègent les zones sensibles et assurent une certaine cohabitation homme-faune.
Autour du parc, l’Alliance Virunga continue d’investir dans l’énergie, l’agriculture, la pêche et l’entrepreneuriat. Quatre centrales hydroélectriques fournissent de l’électricité à plus de 700.000 personnes et facilitent l’accès à l’eau potable pour un million d’habitants. En parallèle, 8.000 producteurs locaux sont soutenus, 725 petites et moyennes entreprises bénéficient de microcrédits, et plus de 2 millions USD ont été distribués pour renforcer l’économie locale.
Le PNVi est bien plus qu’un parc : c’est un symbole de souveraineté, de paix et de résistance écologique. Pour les cent ans du PNVi, l’appel est lancé à l’État congolais, aux partenaires et aux communautés, pour renouveler l’engagement commun. Car, préserver les Virunga, c’est aussi préserver l’avenir.