
Par Prehoub Urprus
Signé ce vendredi 27 juin 2025, à Washington, l’accord de paix entre la RDC -République démocratique du Congo- et le Rwanda, marque un tournant majeur dans les relations entre les deux pays. Fruit de plusieurs mois de négociations, cet accord ambitieux engage les deux parties à mettre fin aux hostilités, à neutraliser les groupes armés non étatiques, à coopérer économiquement et à renforcer la stabilité régionale.
La prochaine échéance clé est fixée au 27 juillet 2025, soit 30 jours après la signature, date à laquelle le mécanisme conjoint de coordination de la sécurité doit entrer en fonction.
Un accord structuré autour de neuf engagements fondamentaux
Le document signé se décline en neuf volets stratégiques, allant du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale à l’intégration économique régionale. Il s’appuie sur les principes de la Charte des Nations Unies, de l’Acte constitutif de l’Union africaine, du processus de Luanda, du Sommet conjoint EAC-SADC et des résolutions 2765 et 2773 du Conseil de sécurité.
Respect mutuel et fin des hostilités
Les deux pays s’engagent à :
• Mettre en œuvre le Plan CONOPS du 31 octobre 2024, notamment pour la neutralisation des FDLR et le retrait coordonné des forces;
• Renoncer à tout acte d’agression, soutien ou tolérance vis-à-vis de groupes armés;
• Assurer la protection des civils et du personnel humanitaire, en respectant pleinement le droit international humanitaire.
Démobilisation et intégration conditionnelle des groupes armés
L’accord soutient les pourparlers entre la RDC et le M23-AFC à Doha et prévoit :
• La fin immédiate du soutien étatique aux groupes armés non étatiques;
• L’appui au désengagement, désarmement et réintégration communautaire dans le cadre du P-DDRCS;
• L’intégration individuelle et rigoureusement conditionnée des ex-combattants dans les FARDC ou la PNC.
Mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité
À partir du 27 juillet 2025, un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité RDC-Rwanda sera mis en œuvre. Il aura pour missions :
• D’assurer la transparence et la coordination des opérations sécuritaires;
• De garantir l’arrêt vérifiable du soutien aux FDLR et aux groupes associés;
• De veiller à la protection des civils et au respect des normes humanitaires.
Ce dispositif sera renforcé par un Comité de surveillance conjointe, auquel prendront part l’Union Africaine, le Qatar et les États-Unis. La première réunion du Comité est attendue au plus tard le 11 août 2025 à Washington.
Retour des réfugiés et aide humanitaire
Avec l’appui du HCR et d’autres partenaires, les deux États faciliteront :
• Le rapatriement volontaire et sécurisé des réfugiés congolais et rwandais;
• Le retour des déplacés internes dans leurs lieux d’origine;
• L’accès libre et sécurisé à l’aide humanitaire, sous la supervision du Gouvernement central de la RDC.
Coopération avec la MONUSCO
L’accord reconnaît le rôle central de la MONUSCO dans :
• La protection des civils;
• L’appui à la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU;
• Le maintien de la stabilité dans l’est de la RDC.
Lancement d’un cadre d’intégration économique régionale
D’ici trois mois, les parties s’engagent à établir un cadre régional d’intégration économique, reposant sur :
• La gestion conjointe des ressources naturelles, y compris le lac Kivu;
• La traçabilité des chaînes d’approvisionnement en minerais critiques;
• Le développement de projets communs d’infrastructure et d’énergie;
• Une coopération transparente avec les investisseurs internationaux, notamment américains.
Des mécanismes indépendants d’audit seront mis en place, pour surveiller la mise en œuvre et prévenir la corruption.
Mécanisme de résolution des différends
Un Comité de surveillance conjointe est chargé :
• De recevoir et résoudre les plaintes de violation de l’accord;
• De faciliter les discussions en cas de différend entre les parties;
•De proposer, si besoin, des mécanismes ad hoc pour le règlement des litiges.
Durée et amendement*
L’accord entre en vigueur dès sa signature le 27 juin 2025. Il est conclu pour une durée indéterminée, mais peut être résilié avec un préavis écrit de 60 jours ou amendé par accord mutuel.
Somme toute, le pacte du 27 juin 2025, incarne la volonté des Gouvernements de Kinshasa et de Kigali de tourner la page des conflits récurrents et d’écrire un nouveau chapitre fondé sur la paix, la coopération sécuritaire et le développement partagé. L’activation du mécanisme conjoint le 27 juillet 2025 sera le premier test de la sincérité de cette nouvelle dynamique.