![Le président Félix Tshisekedi à la tribune de Global Gateway Forum à Bruxelles [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-10/IMG-20251009-WA0013.jpg?itok=Rp7O5BBi)
Par Gloire Balolage
Le Président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a saisi l’occasion de la tribune du Global Gateway Forum, qui se tient à Bruxelles, du 9 au 10 octobre 2025, pour lancer un appel fort et inédit à son homologue rwandais, Paul Kagame, également présent à cet événement.
Arrivé mercredi en début de soirée, dans la capitale belge, le chef de l’État congolais a placé la crise sécuritaire dans l’est de la RDC au centre de son intervention, appelant à un sursaut diplomatique et humain pour mettre fin à une guerre aux conséquences dramatiques pour les populations civiles.
« Pour vous proposer de travailler ensemble, de rapprocher nos communautés, pour le développement et le bien-être de celle-ci, à aucun moment je n'ai affiché une attitude belliqueuse à l'égard du Rwanda ou de l'Ouganda, ou d'un autre de nos neuf voisins », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.
Reconnaissant la responsabilité partagée dans l’escalade de la violence dans l’Est du Congo, le Président congolais a martelé que seuls les deux pays avaient aujourd’hui le pouvoir de mettre un terme à cette spirale destructrice.
« Aujourd'hui, nous vivons cette situation, et nous sommes les deux seuls capables d'arrêter cette escalade », a-t-il insisté, prenant à témoin le Président de l'Union africaine, Joao Lourenço, dont il a salué l’implication dans le processus de paix.
Félix Tshisekedi a rappelé qu’un règlement durable de la crise était à portée de main, mais que les efforts avaient été entravés par l'absence du Président rwandais à une rencontre décisive.
« Nous étions à 98 % de recouvrer une paix durable, mais malheureusement vous avez boycotté cette cérémonie », a-t-il déploré.
Malgré cette occasion manquée, le Président congolais affirme garder la porte du dialogue ouverte. « Il n’est pas trop tard pour bien faire », a-t-il lancé, en appelant à
« faire la paix des braves ».
Tshisekedi a également interpellé la communauté internationale, présente en nombre, à Bruxelles, prenant le forum à témoin de son geste de paix.
« C’est pour ça que je prends à témoin ce forum, et à travers lui, le monde entier, pour vous tendre la main Monsieur le Président », a-t-il déclaré à l’adresse de Paul Kagame.
Il a cependant mis une condition claire à cette main tendue : que Kigali mette fin à son soutien au M23, accusé par Kinshasa d’alimenter l’insécurité dans la région.
« Cela demande que vous donniez l’ordre aux troupes du M23, qui sont soutenues par votre pays, d’arrêter cette escalade qui a fait suffisamment de morts comme ça. Nous les comptons par millions depuis des années », a-t-il accusé.
Dans un geste d’apaisement, Félix Tshisekedi a conclu en annonçant suspendre temporairement son plaidoyer pour l’adoption de sanctions internationales contre le Rwanda.
« Le plaidoyer que j'avais prévu pour les sanctions, je préfère le suspendre en attendant la réponse du Président Kagame », a-t-il déclaré.
Ce discours fort, prononcé devant un parterre de dirigeants africains et européens, marque une nouvelle tentative de désescalade diplomatique dans un conflit qui continue de faire des ravages dans la région des Grands Lacs.