Pactole pour l'arrestation de Nangaa et compagnie : Quand la quête du sensationnel l'emporte sur les priorités en temps de guerre d'agression ! 

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Des fugitifs recherchés par la justice rd-Congolaise
Des fugitifs recherchés par la justice rd-Congolaise

Par la Rédaction 

Le Gouvernement de la RDC -République démocratique du Congo- a lancé un message clair et sans équivoque : les fugitifs ont beau se cacher, ils ne sont pas hors de portée. L'annonce d'une récompense de plusieurs millions de dollars américains pour la capture de Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa, Sultani Makenga et leurs complices en fuite, dont les journalistes Pero Luwara et Irenge Baelenge, démontre la détermination des autorités à faire respecter la loi.

Un message aux complices et aux soutiens

Cette initiative ne se limite pas à la simple arrestation de ces individus. Elle vise également à démanteler les réseaux de soutien dont ils bénéficient, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Le Gouvernement envoie un signal fort : la complaisance et l'impunité ne seront plus tolérées.

Des millions de dollars pour capturer des fugitifs, oui, de surcroît, des éléments clés et non négligeables dans la guerre d’agression rwandaise que subit la République démocratique du Congo depuis déjà plus de trois décennies dans la partie est du pays. 

 Populisme et priorités inversées 

Cependant, ce geste controversé du ministère de la Justice et Garde des Sceaux soulève autant de questions qu'il prétend résoudre. Et, derrière cette annonce visiblement spectaculaire se cachent des réalités troublantes et des interrogations légitimes.

Comment comprendre qu'un Gouvernement puisse débloquer des sommes colossales, pour des primes à la capture, alors que l'Armée congolaise, engagée dans une guerre existentielle contre le M23-AFC, manque cruellement de moyens, principalement en matière des renseignements ? Les soldats, en première ligne, n’ont reçu qu'une augmentation de "prime dérisoire" de 8.000 francs congolais, soit moins de 3 USD, tandis que des millions de dollars sont promis à de simples informateurs.

Cette inversion des priorités est un symptôme inquiétant du populisme qui gangrène la gouvernance.

La promesse de récompenses pour l'arrestation des fugitifs soulève également des questions de procédure. Quand, dans l'histoire de la justice congolaise, a-t-on vu un Gouvernement offrir de telles sommes ? Au total, près de 25 millions de dollars américains sont en jeu. Cette pratique, qui s'apparente davantage à une chasse à l'homme qu'à une procédure judiciaire, interroge sur le respect des normes et des principes de l'État de droit.

Des preuves de proximité troublantes

Le Gouvernement semble disposer d'informations précises sur la localisation de ces suspects. Comment expliquer, sinon, la rencontre entre les évêques de la CENCO-ECC et une délégation du M23-AFC à Goma, alors que d'autres, comme les journalistes Pero Luwara et Irenge Baelenge, sont contraints à l'exil en Belgique ? Cette disparité de traitement soulève des questions légitimes sur les complicités et les protections dont bénéficieraient certains fugitifs.

La Justice, condition sine qua non de la paix, mais pas à n'importe quel prix

Certes, diraient d'aucuns, la récompense offerte par le Gouvernement est un appel à la collaboration citoyenne. Mais, à quel prix ? Cette démarche risque de créer un climat de suspicion et de délation, où la justice est rendue au gré des informations et des intérêts personnels.

Somme toute, la RDC a besoin de justice, mais pas d'une justice "populiste et expéditive." Les millions de dollars promis pour la capture des fugitifs feraient mieux d'être investis dans le renforcement de l'Armée, de la justice et des institutions démocratiques. C'est à ce prix que le pays retrouvera la paix et la stabilité, dans le respect des droits humains et de l'État de droit.

Samedi 8 mars 2025 - 17:15