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Kinshasa : les structures confessionnelles menacent de suspendre la gratuité de la maternité faute de paiement par le Gouvernement

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Le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, lors du lancement de la gratuité de la maternité, dans le programme de la Couverture Santé Universelle [photo d’illustration]
Le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, lors du lancement de la gratuité de la maternité, dans le programme de la Couverture Santé Universelle [photo d’illustration]

 Par Prehoub Urprus

L'espoir soulevé par la gratuité des accouchements dans la capitale congolaise est en train de s'effriter. Plusieurs structures médicales de Kinshasa, engagées dans la mise en œuvre du programme présidentiel lancé en septembre 2024, ont annoncé une suspension partielle (puis totale à terme) de cette initiative, faute de paiements de la part de l’État.

Dans une lettre adressée au Conseil national de la CSU -Couverture Santé Universelle-, les établissements concernés, parmi lesquels figurent des hôpitaux affiliés à l’Église catholique, à l’Église du Christ au Congo et à l’Armée du salut, dénoncent une situation devenue intenable.

Le tableau dressé dans la correspondance datée du 29 mai est préoccupant : Huit mois de factures d'accouchements impayées; vingt mois sans règlement pour les consultations prénatales, postnatales et échographies; un solde de 30 % des anciennes factures toujours en attente; et des livraisons de médicaments incomplètes.

"Nous avons porté le programme pendant des mois, avec foi et abnégation. Mais aujourd’hui, nous sommes à bout de souffle", résume un responsable d’un centre confessionnel à Kinshasa.

Face à ce silence budgétaire, les structures annoncent deux étapes : À partir du 5 juin, seuls les accouchements et consultations resteront gratuits. Les autres frais [comme les analyses, échographies ou médicaments] seront facturés aux patientes. Et si rien ne change d’ici au 19 juin, tous les services seront redevenus payants. Une mesure que les prestataires disent prendre à contrecœur, "pour éviter l’irréparable dans nos structures déjà fragilisées."

La gratuité de la maternité et des soins du nouveau-né avait pourtant été saluée comme une avancée majeure par les autorités congolaises. Lancée à l’hôpital militaire du Camp Tshatshi par le président Félix Tshisekedi, en septembre 2024, cette initiative visait à offrir des soins de qualité et sans frais aux femmes enceintes et aux nouveau-nés durant leur premier mois de vie.

Kinshasa, choisie comme province pilote, compte 350 structures accréditées. Le programme devait ensuite s’étendre à d’autres provinces, grâce au soutien de la Banque mondiale. Mais l’élan semble aujourd’hui ralenti par les réalités financières.

Pour que la gratuité reprenne, les structures concernées posent des conditions claires : Le paiement immédiat des arriérés, et la signature d’un avenant spécifique à leur collaboration avec l’État.

En attendant, des milliers de femmes enceintes risquent de faire face à un retour brutal aux dépenses médicales, dans une ville où l'accès aux soins reste déjà un défi quotidien.

Lundi 9 juin 2025 - 12:50