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![Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa lors de la messe dite en mémoire d’Etienne Tshisekedi au stade des martyrs. [Photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2024-03/IMG-20240331-WA0013.jpg?itok=y4cH-7DL)
Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa lors de la messe dite en mémoire d’Etienne Tshisekedi au stade des martyrs. [Photo d'illustration]
Par Gratis Makabi
L'archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambolin Besungu, a adressé un message, ce dimanche 31 mars 2024, à l'occasion de Pâques.
Ce message contient six points essentiels dans lesquels l'on trouvera des prières, des édifications aux chrétiens, ainsi que des vœux de bonheur pour la RDC -République Démocratique du Congo-.
- Christ est ressuscité, Alléluia ! Il a vaincu la mort, Alléluia ! Voilà la Bonne Nouvelle qui résonne au matin de Pâques. Oui, Jésus a vaincu la mort. Il l’a réduite à l’impuissance : «ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui» (Rm 6, 9). Les femmes qui se rendaient au tombeau de grand matin sont surprises par le «jeune homme» qui leur apprend que «le Crucifié est ressuscité» (cf. Mt 28, 6). Cette nouvelle devient la vérité centrale de la vie chrétienne. En effet, «Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est vaine, votre foi aussi est vaine» (I Co 15, 14). Or, le Seigneur est vraiment ressuscité. Il est vivant, il est ressuscité ! Mais, que signifie la Résurrection, pour nous Congolais aujourd’hui ?
- Certes, il y a une dimension personnelle de la Résurrection, à travers laquelle chaque chrétien passe de la mort à la vie, dans le Christ. Mais, il y a également une dimension communautaire et cosmique. Ainsi, Pâques n’unit pas seulement les humains, mais également le Ciel et la Terre. Comme le chante l’Annonce de Pâques : «Ô nuit de vrai bonheur, nuit où le ciel s’unit à la terre, où l’homme rencontre Dieu». La résurrection du Crucifié a alors des implications sur notre rapport à la terre, à notre «Maison commune». Pâques ouvre à une terre la possibilité de ressusciter.
- A la création, la terre, à l’origine informe et vide, a été transformée en un immense jardin où foisonnent les vivants. Dieu avait vu que cela était bon. Or, cette terre commençait à être souillée, notamment avec le meurtre d’Abel et elle avalait ainsi le sang d’un innocent (Gn 4,11). Mais Abraham, cet Araméen errant en quête de pâturage, avait reçu de Dieu la promesse d’une terre. C’est vers cette Terre promise, où coulent le lait et le miel, que marchera le Peuple libéré de l’esclavage d’Egypte. La première Pâque commandait le départ pour une Terre bénie. Cette bénédiction divine est, dès lors, comparée à la pluie qui ne retourne pas au ciel sans avoir fécondé la terre (cf. Is 55,10). De la sorte, c’est Dieu lui-même qui choisit la terre, pour y établir sa demeure (cf Ba 3,15). Ainsi, le retour du Peuple de Dieu à Jérusalem, après l’Exil de Babylone, montre combien il est important que toute personne, peu importe le poids de son passé, ait une terre, retrouve sa terre (Ez 36,28). Dans cette espérance, la Résurrection du Christ inaugure l’avènement pour chaque peuple d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle.
- Dès lors, deux pistes s’offrent à nous, Peuple congolais. Il s’agit de la responsabilité et de l’engagement de chaque baptisé à degrés différents. D’une part, la résurrection du Christ invite à prendre soin de la terre, en luttant contre la violence sous toutes ses formes. Aujourd’hui, plus qu’hier, la terre de la RD Congo connaît une violence et une insécurité indescriptible. Par conséquent, cette situation accroît la misère dans la population : manque de nourriture, système sanitaire défectueux, absence de couverture sociale, insalubrité généralisée, etc. Mais fêter Pâques, c’est mettre fin à ces violences et insécurités. C’est permettre aux populations déplacées de l’Est du pays, de Kwamouth et du plateau de Bateke de retrouver leurs terres. C’est trouver de solutions concertées à la guerre de l’Est du pays. C’est en finir avec le phénomène Kuluna dans des centres urbains.
- D’autre part, la Pâques convie à veiller sur notre Terre (Maison commune). En effet, en regardant notre pays, nous devrions nous émerveiller de l’œuvre de Dieu. Or, la RD Congo ressemble aujourd’hui à une terre de désolation, abandonnée. Ses forêts sont actuellement exploitées impitoyablement, avec des risques considérables sur la biodiversité et l’environnement. Les eaux de ses rivières et de son fleuve sont polluées, à l’insouciance de tous, par des matières plastiques et autres. Des avenues des villes comme Kinshasa sont remplies d’immondices et de bouteilles plastiques qui les rendent insalubres. Célébrer la victoire du Christ sur la mort, c’est aussi consentir à la conversion écologique. De cette façon, Pâques fait éclore l’aptitude à une fraternité universelle, qui a besoin d’une terre assainie pour promouvoir la santé et le bien-être.
- Puisse l´éclat du Seigneur ressuscité illuminer les ténèbres de nos vies et éclairer l’effort du peuple congolais pour faire de notre terre une oasis de paix et du bien-être. De grand cœur, je vous accorde ma bénédiction apostolique.