![Les déplacés qui viennent recevoir les soins médicaux sur le site de Rusayo 3 [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2024-05/WhatsApp%20Image%202024-05-03%20at%2012.53.25%20%281%29.jpeg?itok=Rp-9bgEO)
Par Gloire Balolage
L'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a effectué une visite sur le terrain du site de Rusayo 3, situé dans le territoire de Nyiragongo ce jeudi 2 mai 2024. Ce lieu abrite de nombreuses personnes déplacées par la guerre, venant principalement y chercher des soins médicaux fournis par cette organisation humanitaire. L'objectif de cette intervention est de mettre en lumière les actions de MSF à Rusayo 3, tout en recueillant des informations sur les besoins des déplacés installés à ce site.
Le site de Rusayo 3 est devenu un refuge pour des milliers de déplacés, constituant une extension des sites informels de Rusayo 1 et 2. On estime que jusqu'à 100 nouveaux foyers rejoignent ce camp en rapide expansion. Cette croissance s'explique en grande partie par la saturation des sites voisins, soulignant l'urgence de fournir une assistance humanitaire adéquate.
Avec environ 23 000 ménages résidant à Rusayo 3, les conditions de vie dans les camps demeurent précaires et les secours humanitaires sont insuffisants. La population principalement composée de femmes subit les ravages de la guerre menée principalement par le M23/RDF. Originaires des territoires de Masisi et Rutshuru, ces habitants aspirent avant tout au retour de la paix dans la province du Nord-Kivu.
Au sein du camp de Rusayo 3, MSF a initié une distribution de 6868 kits comprenant des articles de première nécessité. Chaque kit contient un matériel d'abri, un kit d'hygiène et un kit d'ustensiles de cuisine, bénéficiant à environ 30 000 personnes déplacées, mais également de l'eau. Cette assistance vitale apportée par MSF s'avère cruciale face aux affrontements persistants à l'Est de la RDC, attirant sans cesse de nouveaux arrivants désespérés de trouver refuge à Goma, la capitale du Nord-Kivu.
Le Docteur Jean Paul Kasolo, responsable des activités santé de Médecins Sans Frontières à Rusayo 3, a souligné l'importance de la prise en charge ciblée des populations vulnérables, notamment des enfants souffrant de malnutrition et de diverses maladies, ainsi que des femmes survivantes de violences sexuelles confrontées à des problèmes de santé mentale.
"Nous avons beaucoup plus ciblé les plus vulnérables, entre autres la prise en charge de zéro à 5 ans, des enfants de 6 mois à 59 mois qui souffrent de malnutrition, la prise en charge des enfants de zéro à 15 ans, qui comprend toutes les maladies. Nous avons aussi la prise en charge de la santé des femmes et qui concerne surtout les survivantes des violences sexuelles qui ont des problèmes de santé mentale. Nous recevons 20 à 30 enfants par jour, de manière générale nous recevons 75 à 100 patients. Les maladies les plus récurrentes sont notamment les infections respiratoires, la diarrhée et la malnutrition. En l'espace de deux semaines, 713 patients ont été reçus en consultation, dont 328 de moins de 15 ans," a-t-il dit.
Une femme déplacée en provenance de Saké en raison de la guerre a témoigné de la situation critique dans laquelle elle se trouve, soulignant l'accueil et l'assistance précieuse de Médecins Sans Frontières qui leur fournit des médicaments, mais mettant en lumière le grave problème de la famine qui les afflige, menaçant la vie de ses six enfants et de son mari, alors qu'ils n'ont reçu aucun approvisionnement alimentaire depuis leur fuite. Elle implore une aide urgente pour garantir leur survie et mettre fin à la guerre afin de pouvoir retourner chez eux en sécurité.
"Moi je suis venue de Saké jusqu'ici à cause de la guerre, depuis que nous sommes arrivés ici vraiment MSF nous a bien accueillis, nous venons, on nous donne des médicaments, et pour les enfants nous recevons des médicaments, mais le plus grand problème c'est la famine, nous souffrons à cause de la famine, et les enfants commencent à mourir à cause de la famine, on manque de nourriture, j'ai 6 enfants et un mari, et ça fait deux mois que j'ai fui la guerre, nous n'avons rien eu jusqu'à maintenant comme nourriture à part les médicaments, ma prière c'est que nous ayons à manger puisque nous risquons de mourir à cause de la faim, qu'on nous aide afin que cette guerre puisse finir pour que nous rentrions chez nous," a-t-elle dit.
Cette autre jeune femme de 18 ans, une déplacée de la guerre, a exprimé ses préoccupations quant à la santé de ses enfants et à ses propres problèmes de santé, soulignant le besoin urgent de soins médicaux et de médicaments.
"J'avais fui la guerre jusqu'ici, j'ai 18 ans, et j'ai deux enfants, l'un souffre de la Kwashiorkor, et moi aussi j'ai eu des problèmes de poids et maintenant je suis ici pour prendre les médicaments," dit-elle.
Dans un contexte alarmant marqué par une détérioration constante, Médecins Sans Frontières se positionne en rempart pour répondre aux besoins médicaux de ces déplacés de guerre. En fournissant des médicaments essentiels et en soutenant les populations vulnérables, MSF incarne un espoir de soulagement dans cette situation précaire et déplorable.