![Les rebelles du M23 à Goma [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-03/IMG-20250319-WA0027.jpg?itok=GrmARspa)
Par la rédaction
L'organisation Amnesty International a publié un rapport détaillé sur la situation sécuritaire de l'Est de la RDC -République démocratique du Congo-, mettant en lumière l'intensification des violences perpétrées par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Ces derniers ont multiplié les exactions, créant un climat de terreur et d'impunité dans la région.
Le rapport met en lumière les abus commis à l'encontre de la population civile, en particulier depuis la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu. Pour mener à bien cette enquête, Amnesty International a recueilli les témoignages de nombreuses victimes et témoins oculaires, ainsi que ceux de défenseurs des droits humains et de journalistes présents sur le terrain ou en dehors.
L'organisation humanitaire a documenté un climat de violence croissante, où les civils se retrouvent pris dans un engrenage meurtrier de représailles et d'intimidation, illustrant l'ampleur de la crise qui secoue cette partie du pays.
Tigere Chagutah, directeur du programme Afrique de l'Est et Afrique australe à Amnesty International, a déclaré que "l’ampleur et la fréquence alarmantes des exactions commises dans l’est de la RDC devraient choquer le monde entier." Selon lui, les violences se nourrissent de décennies d'impunité pour des violations des droits humains systématiques, rendant les populations locales particulièrement vulnérables.
Des enlèvements et des tortures à Goma
Amnesty International a rapporté une série d’incidents choquants survenus entre fin février et début mars, durant lesquels des combattants du M23 ont fait irruption dans les hôpitaux de Goma, tels que l'hôpital Heal Africa et le CBCA Ndosho. Ils ont enlevé plus de 130 personnes, parmi lesquelles des militaires congolais blessés et des soignants. Ces personnes ont été transportées vers un stade où plusieurs ont été torturées, tandis que d’autres ont été forcées à rejoindre les rangs du groupe armé. Certains ont été libérés, mais beaucoup restent disparus.
"Ils nous ont fouettés. Ils nous ont forcés à nous allonger et nous ont frappés sur les fesses et les mains. Ils disaient : ‘Si tu es un soldat, avoue-le’.", a déclaré un témoin victime. Cette pratique de violence fait écho à des crimes de guerre selon le droit international humanitaire, qui interdit la torture et exige la protection des blessés et des malades.
Les droits des patients et soignants bafoués
Cette organisation a insisté également sur le fait que, selon le droit international humanitaire, tous les patients et les soignants, y compris les soldats blessés, doivent être traités humainement et protégés. "Tous les patients et les soignants, y compris les soldats ayant besoin de soins médicaux, doivent être libérés sur-le-champ et renvoyés dans les hôpitaux, afin qu’ils puissent recevoir des soins", a ajouté Tigere Chagutah.
Cependant, cette situation alarmante ne se limite pas à la RDC. Même en dehors du pays, des défenseurs des droits humains ont été menacés de mort. Un défenseur a reçu un message texte disant : "Si on te trouve, tu vas avoir des problèmes. Reste où tu es."
Repression des défenseurs des droits humains
Amnesty International a recueilli des témoignages de défenseurs des droits humains, qui ont été arrêtés et maltraités par le M23. L'un d'eux a été arbitrairement détenu et fouetté après avoir été reconnu par un membre du groupe armé. Cette répression souligne un climat de terreur, où ceux qui dénoncent les abus sont eux-mêmes pris pour cibles.
Selon cette organisation humanitaire, les actes de torture et de mauvais traitements infligés à ces défenseurs sont une violation flagrante des principes du droit international humanitaire, qui stipule que les personnes privées de liberté doivent être traitées avec humanité, quelle que soit leur affiliation.
Une vague inquiétante de violences sexuelles
Un autre aspect préoccupant du rapport d'Amnesty International concerne l’augmentation des violences sexuelles dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où de nombreuses victimes ont rapporté avoir été violées par des combattants du M23. Certaines d’entre elles ont également été menacées de mort. Le M23 semble cibler des femmes, souvent dans des circonstances particulièrement traumatisantes.
Le rapport évoque également des viols collectifs commis par des membres du M23, mettant en lumière une dimension particulièrement brutale de l’agression. "Cinq combattants, portant des uniformes militaires et équipés d’armes, l’ont violée collectivement", a témoigné une victime, décrivant l'impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes.
Des violations des droits humains systématiques
Les violences perpétrées par le M23 ne se limitent pas aux combats militaires. Le groupe armé a également ciblé des civils et des communautés entières, ce qui va à l’encontre des principes de la guerre juste inscrits dans les conventions de Genève. En prenant le contrôle de Goma, une ville stratégique dans le Nord-Kivu, le M23 a installé un climat de terreur permanent, exacerbant encore plus les tensions dans une région déjà fragile.
Le rapport d'Amnesty dénonce également l'usage de la torture comme méthode de soumission, qu’elle soit appliquée aux civils ou aux militaires blessés. Ces actes ne peuvent être qualifiés autrement que de crimes de guerre, selon le droit international.
Un appel urgent à l'action internationale
Face à ces violations des droits humains, Amnesty International appelle la Communauté internationale à prendre des mesures immédiates, pour protéger les civils et mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces atrocités. L'organisation exhorte les Nations Unies et les autres acteurs internationaux à renforcer les pressions diplomatiques sur le Rwanda, et à intensifier les efforts pour mettre en place un mécanisme de justice, afin de juger les responsables des crimes de guerre.