![La présidente du CICR, Mirjana Spoljaric [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-05/IMG-20250510-WA0018.jpg?itok=RJFdk12y)
Par Gloire Balolage
Face à l'escalade dramatique du conflit dans l'est de la RDC -République démocratique du Congo-, le CICR -Comité international de la Croix-Rouge- tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué rendu public ce vendredi, à Genève, l’organisation humanitaire dénonce les conséquences désastreuses des violences armées, qui provoquent un nombre croissant de morts et de blessés, des destructions massives, ainsi que la fuite de dizaines de milliers de personnes vers les pays voisins.
La présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, tout juste de retour d’une mission de trois jours au Rwanda et en RDC, a lancé un appel pressant à la communauté internationale. « Il est temps de briser le cercle vicieux des conflits, qui condamnent des générations successives de civils à des souffrances, des pertes et des déplacements sans fin», a-t-elle déclaré.
Elle insiste sur la nécessité de prendre sans délai des mesures concrètes, pour faire respecter le droit international humanitaire et protéger les civils contre les horreurs de la guerre. «Prendre des mesures humanitaires dès aujourd’hui permettrait non seulement de sauver des vies, mais aussi de jeter les bases de la stabilité à long terme dont les communautés ont cruellement besoin, et qu’elles sont en droit d’attendre», a indiqué Mirjana Spoljaric.
Dans ce contexte de crise, le CICR a entamé, le 30 avril dernier, une opération complexe visant à accompagner des centaines de soldats et de policiers congolais désarmés, ainsi que leurs familles, de Goma à Kinshasa. Cette mission de près de 2000 kilomètres, à travers les lignes de front, est menée à la demande conjointe du gouvernement congolais, de la MONUSCO et de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement M23. À ce jour, plus de 800 personnes ont été transférées en toute sécurité.
«J’espère que cette opération créera une dynamique propice à la conclusion de nouveaux accords humanitaires, qui permettront de réduire concrètement les souffrances», a exprimé Mme Spoljaric, réaffirmant la disponibilité du CICR à agir en tant qu’intermédiaire neutre.
La présidente du CICR a profité de sa visite du 6 au 8 mai, pour rencontrer les autorités des deux pays ainsi que les responsables et volontaires des Croix-Rouge rwandaise et congolaise. Elle a constaté sur le terrain l'ampleur de la crise humanitaire dans la région des Grands Lacs. Des millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, que ce soit vers d'autres régions de la RDC ou à l’étranger.
Dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, la situation reste particulièrement alarmante. Depuis janvier 2025, les structures de santé soutenues par le CICR ont pris en charge plus de 2000 blessés, principalement des civils. Les hôpitaux sont débordés, et les services essentiels — approvisionnement en eau, assainissement, éducation sont gravement perturbés par les dégâts infligés aux infrastructures. D'autres menaces pèsent sur les populations civiles, notamment la présence d’armes explosives, l’insécurité alimentaire chronique et les risques épidémiques.
«Un tel niveau de souffrance ne devrait jamais être considéré comme une conséquence inévitable de la guerre», a poursuivi Mme Spoljaric, avant de conclure :«Le droit international humanitaire doit être respecté pour protéger les populations civiles et les infrastructures indispensables à leur survie. Limiter la brutalité dans les conflits peut également contribuer à ouvrir une voie vers la paix.»
Pour rappel, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a reçu, le 8 mai 2025, la présidente du CICR -Comité international de la Croix Rouge-, Mirjana Spoljaric, pour un échange axé sur le renforcement de l’assistance humanitaire dans les zones affectées par l’occupation au Nord-Kivu.
Cette rencontre a permis de consolider un engagement conjoint entre le Gouvernement congolais et le CICR en faveur de la protection des civils, de l’aide humanitaire d’urgence et du soutien au processus de paix. La Cheffe du Gouvernement a salué la coopération avec le CICR, notamment après le récent transfert réussi à Kinshasa des policiers et militaires bloqués à Goma.