Nord-Kivu : MSF alerte sur une crise humanitaire majeure à Bambo, zone encerclée par les combats entre le M23/AFC et les FARDC

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Des agents de MSF à Bambo [photo d'illustration]
Des agents de MSF à Bambo [photo d'illustration]

Par la rédaction 

Depuis mi-mai, la zone de Bambo, dans le territoire de Rutshuru, en province du Nord-Kivu, est le théâtre d'une violente reprise des combats entre les rebelles du M23/AFC, et les FARDC -Forces Armées de la République démocratique du Congo-. La population civile souffre, maisons incendiées, villages bombardés, exécutions sommaires

Face à l'urgence, MSF -Médecins Sans Frontières-, l'une des rares ONG médicales encore présente sur le terrain, tire la sonnette d'alarme.

Depuis le 15 mai, les affrontements ont provoqué l’exode de milliers de personnes vers Bambo, désormais encerclée par les combats. Selon MSF, plus de 11.000 ménages se sont réfugiés dans la zone majoritairement hébergés par des familles locales. D'autres survivent dans des conditions précaires, entassés dans des abris improvisés, des écoles ou des églises.

«On a entendu les bombes, on a tout laissé derrière nous», raconte un déplacé, sous couvert d’anonymat. «Ici, on n’a pas d’abri, pas d’eau, on dort à même le sol. La vie est pénible.»

Les témoignages recueillis par MSF font état de scènes de violence extrême : villages vidés de leurs habitants, pillages, et atrocités commises contre des civils, notamment des exécutions sommaires. Les habitants vivent désormais dans la peur d’affrontements imminents à l’intérieur même de Bambo.

Hôpital débordé, soins sous pression

L’hôpital général de référence de Bambo, soutenu par MSF, est en première ligne. Le 15 mai, il a accueilli 20 blessés –principalement des civils, dont trois ont succombé à leurs blessures. Dix autres blessés ont été admis le 26 mai. Les équipes médicales, malgré l'insécurité, poursuivent leurs activités dans des conditions extrêmes.

La situation est critique, alerte François Calas, chef de programmes MSF pour le Nord-Kivu : «Notre unité de traitement intensif pour enfants souffrant de malnutrition est déjà à plus de 100 % de sa capacité. Nous devons l’agrandir d’urgence

La promiscuité et l’absence d’installations sanitaires font également craindre une recrudescence de maladies, dont le choléra. MSF rapporte aussi une hausse préoccupante des cas de violences sexuelles.

MSF a lancé des distributions de biens essentiels à plus de 1.000 familles, construit des latrines et des douches, et mis en place des dispositifs d’accès à l’eau. Mais les moyens manquent. «Les centres de santé sont débordés. La réponse humanitaire actuelle ne suffit pas», avertit l’organisation.

Par ailleurs, l’insécurité complique chaque jour davantage l’accès aux populations et la livraison des secours. Une balle a traversé une tente de l’hôpital de Bambo. La maternité du centre de santé de Kabizo, elle, porte des impacts de projectiles.

Dans son communiqué, MSF appelle toutes les parties au conflit à respecter les structures sanitaires et les personnels humanitaires, et à garantir la protection des civils. L’organisation exhorte la communauté internationale à se mobiliser, pour éviter une catastrophe humanitaire majeure.

«Ce qui se passe à Bambo est le reflet d’une urgence oubliée à l’Est de la RDC», alerte MSF, avant de conclure :«Les besoins en soins médicaux, en eau, en nourriture et en abris sont immenses. Sans action rapide, la situation pourrait rapidement dégénérer.»

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Mardi 3 juin 2025 - 12:07