
Par Grevisse Tekilazaya
La RDC -République démocratique du Congo- s’est résolument engagée à réformer le secteur des jeux d’argent, un défi à la fois crucial et irréversible. Les récents travaux, menés dans un climat de collaboration et d’échange d’expériences entre partenaires et acteurs clés, visent à mieux réguler un domaine en pleine expansion, exposant la population à de nombreux risques en l’absence d’un cadre adéquat.
Du 9 au 11 janvier 2025, un atelier de validation technique du projet de loi sur les principes généraux du secteur des jeux d’argent s’est tenu à Kinshasa, à l’initiative du ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, représenté par son directeur de cabinet, Alain Malata.
Cet atelier a offert une plateforme essentielle, pour renforcer le projet de loi visant à établir un cadre légal contraignant. Ce cadre ambitionne de réguler efficacement le secteur, tout en protégeant les plus vulnérables des dangers de l’addiction et d’autres risques. L’absence de régulation expose la population à des problèmes de santé mentale, à des conflits familiaux et à des difficultés financières. L’objectif est également de capter les revenus échappant actuellement à l’État, tout en garantissant la sécurité et le bien-être de tous.
Dieudonné Ntumba, coordonnateur de l’Unité de gestion des réformes des jeux d’argent, a souligné l’importance de cette réforme. Il a affirmé que ce processus créerait un environnement plus sain pour les activités de jeux, offrant une lueur d’espoir aux personnes touchées par l’addiction. Selon lui, la régulation est essentielle pour protéger les citoyens et permettre au secteur de se développer de manière responsable.
À l’issue des discussions, plusieurs recommandations ont été formulées pour orienter les actions futures, notamment :
1. Analyser le régime de concession et d’autorisation applicable au secteur.
2. Évaluer l’impact de la concession accordée à la SONAL -Société Nationale de Loterie-, pour l’exploitation exclusive des jeux de hasard, à l’exception des casinos.
3. Proposer l’ouverture de segments en ligne.
4. Étudier la suppression de la TVA sur les opérations liées aux jeux d’argent.
5. Remplacer la taxe ad valorem sur les gains des joueurs par une taxe sur le produit brut des jeux.
6. Créer un organe chargé de la régulation des jeux d’argent, pour maximiser les revenus de l’État.
7. Renforcer les mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
8. Améliorer la coordination des efforts pour assainir le secteur.
Dans son discours de clôture, Alain Malata, directeur de cabinet du ministre des Finances, a souligné l’urgence de réguler un secteur générant de nombreuses souffrances sociales. «Le volume des activités dans le secteur des jeux de hasard a connu une évolution fulgurante. Le nombre d’opérateurs a considérablement augmenté, entraînant une hausse des profits. Cependant, les recettes mobilisées par l’État n’ont pas suivi le même rythme», a-t-il déploré.
Il a également mis en lumière les effets dévastateurs des jeux d’argent sur les jeunes, souvent entraînés dans un cycle de comportements à risque. «Les conséquences de l’addiction aux jeux de hasard touchent non seulement les individus, mais aussi les familles et les communautés. Les problèmes de santé mentale, les conflits familiaux et les difficultés financières exigent une attention urgente et des mesures de prévention efficaces», a-t-il ajouté.
Les enjeux sont exacerbés par l’absence d’une régulation stricte, facilitant le blanchiment d’argent à travers les jeux, un défi majeur dans la lutte contre la criminalité financière. M. Malata a conclu, en exprimant l’engagement collectif pour un avenir meilleur, soulignant que des règles justes et adaptées aux réalités contemporaines sont nécessaires, pour le développement durable de ce secteur.