Guerre dans l’est de la RDC : le M23-AFC impose l'enregistrement forcé des entreprises dans les zones occupées, l'économie locale menacée 

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Joseph Musanga Bahati, gouverneur du M23 au Nord-Kivu
Joseph Musanga Bahati, gouverneur du M23 au Nord-Kivu

Par la Rédaction 

Une note circulaire signée ce mercredi 30 avril 2025, par l’autorité autoproclamée du M23-AFC au Nord-Kivu, annonce le lancement d’un "Bureau d’Enregistrement et de Développement" (BED), censé encadrer l’activité économique dans les zones qu’il contrôle. Derrière ce langage administratif, des observateurs y voient une tentative de légitimation de l’occupation et une instrumentalisation de l’économie locale à des fins politiques.

Lancée à Goma, cette initiative exige des opérateurs économiques [commerçants, transporteurs, propriétaires de taxis et camions] de s’enregistrer auprès d’un bureau ouvert par la rébellion, en échange d’un certificat d’exercice. Une mesure qui, selon le communiqué, garantirait "transparence" et "développement local".

Mais pour de nombreux analystes, cette démarche soulève plusieurs inquiétudes. D’abord, elle confère au M23-AFC des prérogatives qui relèvent exclusivement d’un État souverain : délivrance de documents officiels, gestion de l’économie locale, collecte potentielle de fonds. En imposant un enregistrement obligatoire, le groupe rebelle cherche à renforcer son emprise sur les zones occupées, au mépris des lois de la République.

Ce système parallèle d’administration économique interroge aussi sur le sort des ressources collectées : seront-elles affectées au développement, ou utilisées pour entretenir la machine de guerre du mouvement ? En l’absence de contrôle indépendant, la méfiance prévaut.

Enfin, ce projet accentue la pression sur des populations déjà fragilisées par l’insécurité et les déplacements forcés. Pour beaucoup de petits commerçants et transporteurs, cette obligation d’enregistrement sonne comme une nouvelle taxe déguisée imposée par la force.

Dans ce contexte, la mise en place du BED ne saurait être vue comme un simple outil de développement, mais bien comme une manœuvre politique visant à consolider l’autorité d’un groupe en conflit ouvert avec l’État congolais.

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Mercredi 30 avril 2025 - 20:40