Roger Lumbala claque la porte de son procès : “Vous allez me juger seul”

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Ex- rebelle Roger Lumumba, acteur politique congolais
Ex- rebelle Roger Lumumba, acteur politique congolais

Par Patrick Kitoko 

Le ton est tombé, sec, comme une gifle à la justice française. Roger Lumbala, ancien chef de guerre congolais jugé à Paris pour crimes contre l’humanité, a annoncé ce matin qu’il récusait ses avocats et refusait d’assister à la suite de son procès

Je considère que la France est non compétente pour me juger et la procédure inéquitable ”, a-t-il lancé, debout dans le box des accusés. Avant de conclure, défiant la cour : “Vous allez me juger seul. ”

Un silence lourd a suivi cette déclaration. Lumbala, costume sombre et regard dur, a quitté la salle d’audience, laissant derrière lui un vide symbolique, celui d’un accusé qui rejette non seulement la procédure, mais aussi le principe même de ce procès.

Depuis plusieurs semaines, la cour d’assises de Paris se penche sur son rôle présumé dans les crimes commis en RDC -République démocratique du Congo- au début des années 2000, au cœur d’un conflit d’une brutalité extrême. Les témoignages se sont succédés, évoquant des exactions, des enlèvements, des viols, des massacres, autant de plaies ouvertes dans la mémoire du pays.

Mais pour Roger Lumbala, ce procès n’a pas lieu d’être. Il dénonce une justice «politique», un procès «écrit d’avance». En récusant ses avocats et en se retirant des débats, il choisit la rupture totale, quitte à se condamner à l’isolement.

La Cour, elle, ira jusqu’au bout. Le verdict est attendu le 19 décembre. En son absence, les juges poursuivront l’examen des faits, portés par la voix des victimes et de la société civile, bien décidées à faire entendre la vérité, même si l’accusé, lui, s’y refuse.

Ce procès, un des rares à se tenir en France au nom de la compétence universelle, dépasse largement le sort d’un homme. Il incarne la lutte, encore fragile, pour que les crimes de guerre ne restent pas impunis, où qu’ils aient été commis. Et ce refus de comparaître, ultime geste de défi, ne fera qu’ajouter, selon plus d'un averti, une ombre de plus à un dossier déjà chargé de silences.

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Mercredi 12 novembre 2025 - 18:16