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Edito: Kinshasa au bord du chaos, quand la pluie prévient et l’inaction persiste !

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L’inondation de la rivière N’djili et ses environs
L’inondation de la rivière N’djili et ses environs

Par Prehoub Urprus 

Inaction et laxisme des autorités dites compétentes font bon ménage, à Kinshasa comme dans le Congo profond, avec l'incivisme à la fois aigu et chronique de la population. C'est ce cocktail molotov qui est à la base de plusieurs inondations déplorées à chaque pluie diluvienne. Les Congolais, du sommet à la base, subissent les conséquences néfastes de leur propre turpitude. Plutôt que d'anticiper les événements, dans une politique préventive, les autorités congolaises, elles, obnubilées par leur laxisme légendaire, préfèrent subir même l'évitable, se contentant de la politique réactive. Certainement pour profiter de la situation et se taper indûment de faramineuses sommes d'argent ! Il est donc temps de repenser l'environnement et l'urbanisme, pour un développement durable. Car, si rien n'est fait dans le sens du respect des normes environnementales et urbanistiques, Kinshasa, avec les pluies torrentielles qui s'annoncent, risque de disparaître de la carte géographique de la RDC -République démocratique du Congo-. Surtout si l'alerte de cette pluie du 4 au 5 avril dernier ne transperce pas la boucle auditive de ceux qui coiffent le circuit décisionnel.

Les inondations qui frappent régulièrement Kinshasa et d’autres grandes villes de la RDC -République démocratique du Congo- ne sont ni une fatalité, encore moins un caprice de la nature. Elles sont les symptômes visibles d’un modèle de développement urbain inadapté, conjugué à une pression environnementale croissante. Pour éviter que ces catastrophes ne se répètent inlassablement, il est urgent d’agir sur deux fronts majeurs : l’environnement et l’urbanisme.

Restaurer les écosystèmes naturels, première ligne de défense

La première mesure consiste à protéger et restaurer les zones humides naturelles, comme les marécages, plaines inondables et forêts riveraines. Ces écosystèmes jouent un rôle fondamental d’éponge naturelle : ils absorbent l’excès d’eau lors des fortes pluies et réduisent les risques d’inondation en aval.

Fort malheureusement, à Kinshasa, l’urbanisation anarchique, tolérée par une autorité cupide, a conduit à la destruction massive de ces zones tampons. Les ravages sont aggravés par la déforestation, qui augmente l’érosion des sols et réduit leur capacité de rétention d’eau. Restaurer la couverture végétale urbaine et périurbaine, reboiser les collines et préserver les rivières secondaires sont donc des impératifs écologiques majeurs.

Un urbanisme planifié pour une ville résiliente

Sur le plan urbanistique, la priorité est claire : mettre fin à l’urbanisation non planifiée. Trop de constructions dites anarchiques sont érigées dans des zones à risque, sans étude topographique ni permis légal pour certaines, sous l'oeil impuissant et/ou complaisant de l'autorité dite compétente. D'autres constructions anarchiques sont même permises et légalisées par les autorités, qui sont, d'ailleurs, propriétaires de quelques-unes. Cela rend la ville vulnérable aux moindres perturbations climatiques.

Il faut: renforcer les plans d’aménagement du territoire, avec des zones interdites à la construction (cuvettes, lits de rivières, zones inondables) ; mettre en place un système de drainage performant, avec des caniveaux entretenus régulièrement, et adaptés à l’intensité des précipitations modernes (liées au changement climatique) ; et, développer l’urbanisme vert, en intégrant des espaces perméables (parcs, jardins, bassins de rétention) dans la trame urbaine, pour ralentir le ruissellement des eaux.

La gouvernance urbaine et la sensibilisation, piliers de la solution

Aucune solution technique ne sera durable sans une gouvernance urbaine rigoureuse et inclusive. Il faut que les autorités locales aient les moyens et la volonté de faire appliquer les règles d’urbanisme, de sanctionner sévèrement les constructions illégales et de coordonner l’entretien des infrastructures.

L’autre volet, souvent négligé, est celui de l’éducation citoyenne. Une partie des inondations à Kinshasa est aggravée par l’obstruction des caniveaux par des déchets plastiques et organiques. Cela nécessite des campagnes continues de sensibilisation, mais aussi des alternatives crédibles en matière de gestion des déchets.

Agir maintenant, ou reconstruire demain

Chaque saison de pluie devient un rappel brutal que les promesses sans actions concrètes coûtent des vies et des millions de dollars en dégâts matériels. Repenser notre rapport à la nature et à la ville, ce n’est pas un luxe, c’est une urgence.

Il ne s’agit pas simplement d’évacuer l’eau, mais d’intégrer une vision durable, écologique et inclusive de la ville, qui considère le climat comme un facteur central de planification.

Prévoir, planifier, préserver; telles sont les clés pour qu’enfin, Kinshasa cesse de se noyer.

Mardi 8 avril 2025 - 08:40