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Sud-Kivu : face à l’intensification des violences, MSF renforce son action des deux côtés de la ligne de front entre Kamanyola et Uvira

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Par la Rédaction 

Alors que les combats entre les FARDC -Forces Armées de la République démocratique du Congo- et les rebelles du M23/AFC s’étendent désormais à la province du Sud-Kivu, les populations civiles, prises entre deux feux, sont confrontées à une crise humanitaire grandissante. Dans ce contexte d’insécurité, MSF -Médecins Sans Frontières- a intensifié sa réponse humanitaire, pour garantir l’accès aux soins médicaux essentiels, de part et d’autre de la ligne de front.

Depuis février, les affrontements, qui faisaient rage au Nord-Kivu, se sont propagés au Sud-Kivu, avec la prise de Bukavu par les forces du M23/AFC. La progression du groupe rebelle jusqu’à Katogota, localité située entre Bukavu et Uvira, a coupé un axe stratégique, isolant les populations et compliquant l’acheminement de l’aide humanitaire.

À Uvira, toujours sous contrôle gouvernemental, l’arrivée de plus de 250.000 personnes déplacées a exercé une pression considérable sur les infrastructures de santé locales. Les violences n'ont pas épargné les établissements médicaux, comme en témoigne Aisha, une jeune mère :«Nous avons tous paniqué lorsque des tirs ont retenti à l'intérieur de l'hôpital. Même si mon fils était malade, j’ai voulu fuir. Je ne me sentais plus en sécurité.»

Malgré l’insécurité, les équipes de MSF présentes depuis septembre 2024 pour lutter contre une épidémie de mpox, ont maintenu leur assistance. Depuis le mois de février, MSF a traité près de 400 blessés de guerre et 800 cas de choléra, en coordination avec le ministère de la Santé. Des actions complémentaires ont été menées, notamment la réhabilitation de points d’eau potable et le renforcement des capacités médicales dans les centres de traitement.

«Nous avons intensifié notre réponse pour prendre en charge les blessures de guerre, les cas de choléra et les violences sexuelles», précise la Dr Aurora Revuelta, responsable médicale de MSF à Uvira.

Sur l’autre rive de la ligne de front, dans la localité de Kamanyola passée sous contrôle du M23/AFC, la situation reste critique. Les affrontements ont forcé les habitants à fuir vers les collines, dans des conditions extrêmement précaires. Jeannette, 28 ans, en témoigne : « J’ai perdu deux de mes enfants faute de soins. Nous les avons enterrés sans même pouvoir leur offrir une sépulture digne.»

À la mi-mars, MSF a lancé une intervention d’urgence pour soutenir l’hôpital général de Kamanyola et les structures sanitaires environnantes, dépourvues de médicaments et d’équipements. En huit semaines, 7 500 consultations gratuites ont été réalisées, dont près de 40 % concernaient des enfants de moins de cinq ans, atteints principalement de paludisme, d’infections respiratoires et de diarrhées.

MSF a également renforcé les systèmes d’hygiène dans les centres de santé, vidé les fosses septiques, réhabilité des réservoirs d’eau et distribué plus de 14.000 m³ d’eau potable, essentiels pour prévenir de nouvelles épidémies.

L’insécurité et les combats persistants rendent la route entre Bukavu, Uvira et Kamanyola impraticables, rendant les opérations humanitaires de plus en plus complexes. Pour contourner les blocages, MSF a dû passer par plusieurs pays voisins, pour continuer à fournir l’aide médicale nécessaire.

 «L’accès humanitaire est de plus en plus restreint, tant sur le plan logistique que sécuritaire», alerte Olivier Pennec, chef des programmes MSF au Sud-Kivu. «L’absence d’autres organisations humanitaires sur le terrain, combinée à des coupes budgétaires, notamment des États-Unis, aggrave la situation», explique-t-il.

Dans une région marquée par un système de santé affaibli, des conflits récurrents et des pénuries, MSF reste l’un des rares acteurs présents sur le terrain. L’organisation humanitaire appelle à un soutien renforcé et à un accès sécurisé, pour continuer à sauver des vies dans un contexte de crise prolongée.

Mercredi 28 mai 2025 - 12:28