Violences sexuelles dans le Nord et Sud-Kivu : plus de 10.000 cas enregistrés en 2025 dans les deux provinces [MSF]

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Une femme victime et survivante de violences sexuelles, prise en charge par le service du MSF
Une femme victime et survivante de violences sexuelles, prise en charge par le service du MSF

Par Patrick Kitoko 

L'ONG internationale MSF -Médecin Sans Frontières- s'inquiète de la prise en charge insuffisante des survivantes des cas des violences sexuelles dans la partie orientale de la RDC -République démocratique du Congo-.

Dans un communiqué de presse rendu public ce 11 juin 2025, cette organisation internationale affirme que le nombre de victimes et survivantes de violences sexuelles prises en charge atteint des niveaux alarmants.

Pour y mettre fin, le MSF invite les parties prenantes au conflit, à améliorer la sécurité des populations et leur accès aux soins, tout en invitant la Communauté internationale à la conservation prioritaire de la prise en charge des victimes, malgré des défis financiers actuels.

Ce communiqué stipule que, depuis plusieurs années, les équipes du MSF haussent la voix pour dénoncer la montée de violences sexuelles dans cette partie de la RDC. Les 3 dernières années sont marquées par l'explosion de nombre de victimes, surtout à cause de la reprise des affrontements entre les FARDC -Forces Armées de la République démocratique du Congo- et le groupe armé M23-AFC et leurs alliés. A l'exemple de la seule province du Nord-Kivu, où un nombre de victimes et survivantes, près de 40.000, ont été prises en charge par le MSF en 2024.

Le contexte dans cette région a changé, mais pas la problématique des violences sexuelles, dont les femmes sont majoritairement les premières victimes. Les violences sexuelles demeurent une urgence médicale, qui exige une action immédiate”, informe François Calas, responsable des programmes MSF au Nord-Kivu.

Depuis le début de cette année, les équipes du MSF continuent d'enregistrer un nombre de consultations dans leurs structures.

Les camps des déplacés, qui accueillaient plus de 650.000 personnes à Goma, et étaient démantelés en février dernier, après la prise de cette ville par les rebelles du M23-AFC, poursuivent leur opération de prise en charge. Des victimes sont comptées en dizaines chaque jour dans les structures sanitaires et autour de la ville. 7.400 victimes et survivantes enregistrées entre janvier et avril 2025. A Saké, plus de 2.400 victimes et survivantes sont prises en charge.

Nous recevons beaucoup de femmes victimes d'abus dans des maisons de familles d'accueil ou des centres d'hébergement communautaires. Bien souvent, elles sont contraintes à des actes sexuels en échange d'un logement. Où qu'elles soient, elles ne sont en sécurité nulle part ”, ajoute François Calas.

Non loin de Goma et de Saké, de nombreuses victimes disent avoir été agressées sur les routes ou dans les champs.

Au Sud-Kivu, dans les territoires de Kalehe et Uvira, l'on a enregistré et pris en charge près de 700 victimes et survivantes de violences sexuelles depuis le début de l'année 2025. Situation qui inquiète encore une fois le MSF. 

Nous avons souffert dans les champs, où nous avons trouvé refuge", partage une habitante d'un village situé dans les collines autour de Kamanyola. "Les hommes armés ne nous autorisaient pas à traverser les villages. Certaines femmes ont même été violées lorsqu'elles tentaient d'accéder à une structure de santé ”, témoigne une victime.

MSF mène un service complet pour les survivantes de cas des violences sexuelles dans la partie orientale de la RDC -République démocratique du Congo-, à travers des consultations curatives et préventives, avortements médicalisés, prévention des grossesses indésirées, soutien psycho-social, protection et promotion de santé.

Mercredi 11 juin 2025 - 18:14