Par Gloire Balolage
Déjà confrontée à une épidémie nationale de choléra depuis mai dernier, la RDC -République démocratique du Congo- voit, désormais, sa capitale, Kinshasa, touchée de plein fouet. Près de 30.000 cas ont été enregistrés depuis le début de l’année dans tout le pays, selon les dernières données des autorités sanitaires.
Longtemps cantonnée aux provinces de l’est [Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika, Tshopo], l’épidémie gagne du terrain et s’étend désormais aux zones urbaines, notamment à Kinshasa. D’après l'INSP -Institut national de santé publique-, la ville compte 136 cas cumulés depuis janvier, dont plus de 90 signalés ces dernières semaines. Une vingtaine de décès ont déjà été recensés.
Face à cette évolution inquiétante, MSF -Médecins sans frontières- a déployé un centre de traitement du choléra dans la capitale et prépare l’ouverture d’une seconde structure. «La propagation de l’épidémie à Kinshasa vient évidemment du reste du pays. Elle se propage progressivement, il n'est donc pas surprenant de voir la ville affectée», explique Stéphane Goetghebuer, chef de mission de MSF Belgique en RDC.
À Kinshasa, la maladie touche en priorité les quartiers les plus vulnérables, notamment ceux situés en zone inondable, où l’accès à l’eau potable et à des infrastructures sanitaires reste limité. Onze des vingt-trois zones de santé de la capitale sont actuellement concernées. «Ce sont surtout les quartiers défavorisés qui sont affectés, ceux qui subissent des inondations, parfois causées par des rivières transformées en égouts qui débordent», précise Stéphane Goetghebuer.
La situation est exacerbée par une saison des pluies anormalement tardive. Alors que la saison sèche aurait dû commencer, des précipitations récentes ont encore aggravé les conditions sanitaires déjà précaires dans certains secteurs.
Le choléra, une maladie infectieuse causée par la bactérie Vibrio cholerae, se transmet principalement par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. La propagation est facilitée par des conditions d’hygiène dégradées et un accès insuffisant à l’eau potable. «Dès que la bactérie entre en contact avec la bouche ou les muqueuses, souvent via les doigts, l’infection peut se produire», rappelle le responsable de MSF.