RDC–Rwanda : Kinshasa refuse de signer à Washington l’accord économique tant que les troupes rwandaises restent sur son sol

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La frontière entre la RDC et le Rwanda au niveau de Goma [photo d’illustration]
La frontière entre la RDC et le Rwanda au niveau de Goma [photo d’illustration]

Par Prosper Buhuru 

La RDC -République démocratique du Congo- a refusé de parapher cette semaine le REIF -Cadre d’intégration économique régionale- avec le Rwanda, pourtant attendu à Washington, invoquant la présence persistante des troupes rwandaises sur son territoire.

Selon plusieurs sources diplomatiques citées par l’agence Reuters, la décision de Kinshasa constitue un nouveau revers dans la mise en œuvre de l’accord de paix conclu, en juin dernier, sous la médiation des États-Unis. Cet accord devait relancer la coopération régionale et attirer des investissements occidentaux dans la région des Grands Lacs, riche en cobalt, cuivre, or et lithium.

Un haut responsable rwandais, s’exprimant sous anonymat, a confirmé que le texte du REIF avait bien été finalisé, mais que la signature n’a pas eu lieu en raison du refus congolais.

"Les négociations se sont achevées sans paraphe, Kinshasa ayant décidé à la dernière minute de ne pas signer", a-t-il déclaré, tout en réaffirmant la confiance du Rwanda dans le processus de médiation américaine.

Du côté congolais, la position est claire : aucune avancée économique ne peut être envisagée tant que les forces rwandaises n’auront pas quitté l’Est du pays.

"La RDC ne signera pas tant que 90 % des troupes rwandaises n’auront pas été retirées", a précisé, à Reuters, une source proche du dossier.

Cette exigence découle de la clause de retrait inscrite dans l’accord de paix de juin, par lequel Kigali s’était engagé à lever ses "mesures défensives" dans un délai de 90 jours. Pour Kinshasa, la présence militaire rwandaise et les activités des rebelles du M23-AFC restent incompatibles avec la paix durable et la stabilité régionale.

Un diplomate africain cité par le quotidien britannique a, d’ailleurs, confirmé que cette position n’est pas nouvelle : "Les Congolais n’ont jamais caché qu’ils ne signeraient rien tant que l’Armée rwandaise resterait sur leur sol. Ce refus n’est donc pas une surprise."

Face à cette impasse, Washington tente de relancer les discussions afin d’éviter l’effondrement du processus de paix, considéré comme l’un des piliers de la stratégie américaine pour stabiliser la région et favoriser le commerce transfrontalier.

Mais pour Kinshasa, la priorité demeure la souveraineté nationale et la sécurité des populations dans l’Est du pays, des conditions jugées indispensables avant toute intégration économique avec Kigali.

Samedi 4 octobre 2025 - 15:14