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RDC – MONUSCO : Bintou Keita s’en va, la guerre demeure ; l’épilogue amer d’un mandat contesté !

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Bintou Keita [photo d'illustration]
Bintou Keita [photo d'illustration]

Par Gloire Balolage 

Bintou Keita quitte la RDC comme elle y est arrivée : sur fond de guerre persistante, d’insécurité généralisée et d’espoir brisé pour des millions de Congolais. Son départ met en lumière un constat amer : malgré près de cinq ans à la tête de la MONUSCO, aucun progrès notable n’a été enregistré dans la quête de paix dans l’Est, là où les populations continuent de vivre sous la menace des groupes armés. Pour beaucoup, elle s’en va sans avoir atteint l’objectif essentiel de sa mission.

Durant son mandat, les critiques n’ont jamais cessé. Les jeunes, qui ont à plusieurs reprises manifesté contre la MONUSCO à Goma, dénonçaient l’inefficacité chronique de la mission onusienne. Dans les provinces meurtries par les violences, la présence prolongée des casques bleus n’a pas empêché les massacres, les déplacements massifs et la montée de l’insécurité. C’est dans ce climat de frustration que Bintou Keita quitte le pays, laissant derrière elle un bilan largement contesté.

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, par ailleurs cheffe de la MONUSCO, a officiellement achevé son mandat le dimanche 30 novembre. Le départ est discret, presque effacé, à l’image d’une mission dont l’impact réel sur le terrain reste difficile à percevoir pour la population congolaise.

Dans le communiqué annonçant la fin de sa fonction, l’ONU a salué son engagement « constant en faveur de la paix, de la protection des civils et de la stabilité ». Pourtant, pour les habitants de l’Est, ce discours contraste avec la réalité quotidienne : les combats se poursuivent, les civils demeurent en première ligne des violences, et les zones sous menace armée ne cessent de s’étendre.

L’ONU rappelle que sous sa direction, la MONUSCO a continué d’appuyer les autorités nationales ainsi que les partenaires régionaux et internationaux. Mais cet appui, mené dans un contexte politique et sécuritaire complexe, n’a pas réussi à infléchir la dynamique de la guerre. Les attentes des Congolais restaient simples : voir la paix revenir. Cet objectif n’a pas été atteint.

Dans plusieurs villes, les manifestations contre la MONUSCO exprimaient un profond désarroi. Beaucoup réclamaient le départ immédiat de la mission, estimant que sa présence prolongée ne correspondait plus à aucun résultat concret. La cheffe de mission, souvent perçue comme déconnectée de la réalité vécue par les civils, n’a pas réussi à inverser cette perception.

Alors que son mandat s’achève, les Nations Unies ont annoncé des mesures intérimaires pour assurer la continuité du commandement. Du 1er au 28 décembre 2025, Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint et Coordonnateur résident et humanitaire, assumera provisoirement les fonctions de Chef de Mission et d’agent habilité pour les questions de sécurité.

À partir du soir du 28 décembre, cette responsabilité sera transférée à Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe chargée de la Protection et des Opérations. Ce passage d’un intérim à un autre illustre une transition fragile, dans une mission elle-même en pleine remise en question.

Cette nouvelle direction par intérim intervient à un moment où la MONUSCO est plus contestée que jamais. Les populations attendent des résultats tangibles, non des changements administratifs ou des communiqués diplomatiques. Le défi reste immense : restaurer la confiance alors que la mission traîne derrière elle un lourd passif d’inefficacité.

Le départ de Bintou Keita laisse ainsi un goût d’inachevé. Dans un pays meurtri par les conflits, elle part alors que la paix, raison première de son mandat, demeure introuvable. Pour beaucoup, son passage à la tête de la MONUSCO restera le symbole d’une mission internationale incapable d’apporter les réponses attendues par un peuple qui, plus que tout, aspirait à la sécurité.

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Mardi 2 décembre 2025 - 08:29