Par Gloire Balolage
Le maire de Goma, le Commissaire Supérieur Principal KAPEND KAMAND Faustin, a pris la décision d'interdire le Festival AMANI, initialement prévu du 15 au 17 novembre 2024. Cette décision, qui semble peser lourdement sur le moral des habitants et des passionnés de musique, découle d'une série de manifestations organisées par le MNC -Mouvement National Congolais-, pour demander l'annulation de cet événement, en raison d'un contexte sécuritaire préoccupant.
À l'approche de cette importante célébration culturelle, la mairie de Goma a été alertée sur l'absence d'informations concernant l'organisation de cet événement. En conséquence, elle a jugé nécessaire de suspendre cet événement, pour des raisons d'ordre sécuritaire.
Les manifestations décidées par le MNC à partir du 13 novembre visent à exprimer un mécontentement face à l'organisation d'un festival dans un contexte aussi instable. Les membres du mouvement citoyen disent que des événements de cette envergure sont inopportuns et peuvent exacerber les tensions existantes, particulièrement à l'insécurité causée par des groupes armés, tels que le M23, accusé de semer le trouble dans la région.
La mairie, tout en reconnaissant l'importance culturelle d'un tel festival, a dû faire face à des pressions, pour prioriser la sécurité des citoyens.
Ce dilemme entre la culture et la sécurité est d'autant plus délicat, puisque le Festival AMANI, qui se veut être une célébration de paix et de cohabitation pacifique, a été un rendez-vous pour de nombreux habitants de Goma. Depuis sa première édition, le festival a su rassembler des foules de passionnés, transcendant les divisions et les conflits qui sévissent dans la région depuis plus de trente ans.
Toutefois, avec la déclaration de l'état de siège en 2021, les festivals ainsi que d'autres manifestations culturelles ont subi des restrictions, en raison de la nécessité de préserver la sécurité publique.
L'annonce de l'interdiction a suscité des réactions au sein de la population. D'un côté, de nombreux habitants expriment leur déception face à la perte de cette vitrine culturelle, qui leur permet de rêver d'un monde de paix. De l'autre, certains saluent la décision du maire, la considérant comme une mesure prudente face à l'apposition de la sécurité avant le divertissement.
Alors que le décompte pour les dates prévues du festival se poursuit, nombreux sont ceux qui se demandent si le maire pourrait revenir sur sa décision, ou si, au contraire, il s'en tiendra à sa position, pour privilégier la sécurité des citoyens. Les participants ayant déjà acheté leurs billets, ainsi que les artistes préparant leurs prestations, se trouvent dans une impasse, laissant place à diverses spéculations sur le sort de cet événement tant attendu.
Des artistes de renom tels que Ferre Gola, Black M, Jossart Nyoka N'longo, RJ Kanierra et Yekima de bel'art, qui sont autant de figures connues qui animent la scène musicale congolaise, et qui apportent une touche d'espoir dans un contexte tumultueux étaient attendus.
Il convient de rappeler que la dernière édition du festival s'est déroulée à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, où plusieurs artistes congolais avaient pris part à cette fête grandiose. En 2023, des talents tels qu'Innoss'b et Reddy Amisi avaient rythmé l'événement, insufflant une énergie nouvelle à la célébration de la musique et de la culture, et laissant un héritage positif que beaucoup espéraient voir se poursuivre à Goma.
Ainsi, alors que le 15 novembre approche, l'avenir du Festival AMANI reste incertain. Les deux jours qui restent sont cruciaux pour déterminer si la voix populaire et les préoccupations sécuritaires pourront s'accorder, permettant aux citoyens de Goma de vivre, au-delà des tensions actuelles, une expérience culturelle et musicale, ou si la décision du maire prévaudra, plaçant la sécurité au-dessus de l'expression artistique et communautaire.