Par Prosper Buhuru
Le Gouvernement congolais a annoncé, vendredi 14 novembre 2025, une série de mesures fortes pour réformer en profondeur le FRIVAO -Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes des activités armées de l’Ouganda-. Cette décision fait suite à la mission effectuée du 6 au 10 novembre à Kisangani par le ministre d’État, ministre de la Justice, Guillaume Ngefa, qui a présenté au Conseil des ministres un état alarmant de la situation du Fonds.
Selon le rapport transmis, les populations rencontrées ont exprimé une attente "forte et légitime" d’indemnisation immédiate, mais aussi un profond désarroi face au blocage persistant des activités du FRIVAO. Plusieurs dérives compromettent le fonctionnement du mécanisme : détournement des ressources destinées aux victimes, politisation du processus, rétro-commissions, infiltration de faux bénéficiaires, corruption interne et conflits entre associations. Autant d’éléments qui, selon le ministre de la Justice, rendent indispensable une refonte totale du système.
Face à ce constat, le Gouvernement s’oriente vers une restructuration à la fois administrative, financière et organisationnelle. La Justice recommande un audit international indépendant afin d’évaluer l’ampleur des détournements et l’intégrité de la base de données actuelle.
Une équipe de gestion intérimaire, composée de représentants de l’État, de la société civile, d’experts et d’associations de victimes, devrait piloter la période de transition pour rétablir la gouvernance du Fonds. Le dispositif de paiement est également appelé à être réorganisé, avec des transactions directes et traçables vers les victimes, qu’il s’agisse de virements bancaires ou de services de mobile money, afin d’éliminer les intermédiaires et de réduire les risques de corruption. Le ministère plaide enfin pour la publication trimestrielle, en ligne, des informations budgétaires et des listes anonymisées de bénéficiaires.
Pour le ministre Guillaume Ngefa, la réforme du FRIVAO dépasse la technicité administrative. Elle constitue "un impératif moral" et un test crucial pour la cohésion nationale et la crédibilité des institutions. Restaurer la confiance, a insisté le patron de la Garde des Sceaux, passe par la sanction des fautes, la transparence des procédures et la garantie que les ressources atteignent enfin les véritables victimes des exactions commises dans la région orientale.