Conflit RDC-Rwanda : Washington conditionne la signature de l’accord de paix au retrait des troupes rwandaises !

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Le président Félix Tahisekedi, Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour l’Afrique et le président Paul Kagame [photo d'illustration]
Le président Félix Tahisekedi, Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour l’Afrique et le président Paul Kagame [photo d'illustration]

Par Prehoub Urprus

Un document diplomatique en cours de discussion à Washington pourrait bien rebattre les cartes du processus de paix entre Kinshasa et Kigali. Selon plusieurs sources relayées par Reuters, les États-Unis exigent, comme préalable à la signature d’un accord de paix entre la RDC -République démocratique du Congo- et le Rwanda, le retrait sans condition des forces rwandaises de l’est congolais.

Ce projet d’accord, élaboré par des diplomates américains et confirmé par plusieurs officiels, stipule clairement que Kigali devra évacuer ses soldats, ses équipements militaires ainsi que ses armes du territoire congolais avant toute formalisation de l’accord. Une clause qui risque de froisser Kigali, qui justifie sa présence par la menace persistante des FDLR, un groupe armé Hutu d’origine rwandaise encore actif dans les provinces congolaises.

Officiellement, le Rwanda nie tout soutien au M23-AFC, pourtant accusé par les Nations Unies et plusieurs capitales occidentales d’être un relais militaire de Kigali. En réalité, les estimations recueillies par Reuters évoquent une présence de 7 000 à 12 000 soldats rwandais aux côtés de ce groupe, qui continue de gagner du terrain dans l’est de la RDC.

Derrière cette initiative américaine, un objectif stratégique : pacifier une région riche en ressources précieuses (cobalt, or, lithium…) afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement occidentales. Washington espère ainsi créer un environnement propice à des investissements massifs dans les secteurs minier et énergétique. Massad Boulos, conseiller Afrique sous l'administration Trump, avait même évoqué un horizon de deux mois pour finaliser l’accord, un délai jugé optimiste par de nombreux observateurs.

Le texte américain, plus ambitieux que la déclaration de principes signée en avril dernier par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, prévoit notamment la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité. Celui-ci impliquerait des observateurs militaires étrangers pour surveiller le retrait effectif des troupes et la neutralisation des groupes armés, dont les FDLR.

Autre volet sensible : la proposition d’inclure le M23-AFC dans un dialogue national en RDC, au même titre que d’autres groupes armés locaux. Une idée difficile à avaler pour Kinshasa, qui considère encore la rébellion comme une organisation terroriste et refuse toute légitimation politique.

Pour la présidence congolaise, la ligne rouge est claire. Un proche du président Félix Tshisekedi a réaffirmé à Reuters que "le retrait total des troupes rwandaises est un préalable non négociable". Le Rwanda, de son côté, n’a pas encore réagi officiellement, mais son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a confirmé l’imminence de discussions techniques avec des experts congolais à Washington.

Parallèlement, le Qatar poursuit sa médiation directe entre Kinshasa et les représentants du M23-AFC. Mais les avancées sont timides, et selon un cadre rebelle cité par le média britannique, aucun consensus n’a été trouvé sur le retrait du groupe des zones actuellement occupées. Le projet américain, lui, insiste sur une exigence claire : Kigali doit garantir, par tous les moyens, le repli du M23 conformément aux engagements déjà pris à Doha.

À mesure que s’intensifient les négociations, l’enjeu devient de plus en plus visible : au-delà d’un simple accord de paix, il s’agit de redéfinir les rapports de force dans une région au cœur des convoitises géostratégiques et économiques mondiales.

Mercredi 11 juin 2025 - 08:43