![Les anciens présidents de l'Afrique du Sud et la RDC, Tabo mbeki et Joseph Kabila [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-08/IMG-20250828-WA0012.jpg?itok=1MxwWAGP)
Par Gloire Balolage
La Fondation Thabo Mbeki organise du 3 au 6 septembre 2025, en Afrique du Sud, la deuxième édition du Dialogue africain sur la paix et la sécurité, avec un accent particulier sur la crise persistante dans l’Est de la RDC -République démocratique du Congo-. Cette initiative de l’ancien Président sud-africain, déjà impliqué dans les efforts de paix en 2002, suscite l’attention des milieux politiques, religieux et de la société civile congolaise.
La fondation a convié un panel impressionnant de personnalités congolaises, issues tant du pouvoir que de l’opposition, y compris d’anciens chefs d’État, des représentants de groupes armés et des leaders religieux. Ce large éventail d’acteurs souligne la volonté d’inclure toutes les voix dans la recherche d’une paix durable.
Parmi les invités de marque figurent Eberande Kolongele, conseiller spécial du Président Tshisekedi en matière de sécurité, Vital Kamerhe, actuel président de l’Assemblée nationale, ainsi que l’ancien ministre de l’intégration régionale, Antipas Mbusa Nyamwisi. L’opposition est représentée par Martin Fayulu, président du parti politique ECiDé, Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, et Joseph Kabila, ancien Président de la République.
D’autres personnalités ont été conviées, dont Corneille Nangaa, coordinateur de l’AFC/M23, ainsi que Thomas Lubanga, à la tête de la CRP. Des représentants religieux tels que la CENCO -Conférence épiscopale nationale du Congo- et l’ECC -Église du Christ au Congo- ont également reçu une invitation, soulignant l’importance accordée à la médiation confessionnelle.
L’initiative portée par l’ancien Président sud-africain, Thabo Mbeki, suscite une question centrale : les différentes parties conviées répondront-elles présentes et, surtout, accepteront-elles de s’asseoir à la même table ? À l’heure où la confiance entre les acteurs politiques congolais est au plus bas, l’enjeu dépasse la simple tenue du dialogue.
Thabo Mbeki n’est pas étranger à ce type de médiation. On se souvient encore de son rôle crucial dans le Dialogue intercongolais de 2002 à Sun City, en Afrique du Sud, qui avait abouti à la fin de la Deuxième Guerre du Congo, un conflit qui avait impliqué plusieurs pays africains et causé des millions de morts.
À l’époque, à quatre jours seulement de la clôture des négociations, Thabo Mbeki avait convoqué des consultations individuelles avec les chefs de délégation. Des sources proches du Gouvernement congolais avaient rapporté qu’il avait imposé des «ultimatums» aux chefs des groupes rebelles et de l’opposition, afin de débloquer les discussions sur deux points majeurs : la position de Joseph Kabila à la tête de l’État et la formation d’une Armée nationale unifiée.
Malgré la pression, certains responsables avaient salué l’approche du Président sud-africain. Adolphe Onusumba, alors dirigeant du RCD -Rassemblement congolais pour la démocratie-, avait qualifié son entretien avec Mbeki de «détendu», témoignant de la finesse diplomatique de ce dernier. Aujourd’hui encore, Thabo Mbeki semble vouloir réactiver ce savoir-faire diplomatique, pour répondre à la crise persistante dans l’Est de la RDC.
Le 18 mars dernier, Joseph Kabila, ancien Président congolais et acteur clé du dialogue de 2002, s’est entretenu avec Thabo Mbeki, à Johannesburg. Les deux hommes ont évoqué les parallèles entre la situation actuelle et celle d’il y a un peu plus de deux décennies.
Pour Joseph Kabila, certaines méthodes utilisées en 2002-2003 pourraient encore être utiles aujourd’hui. Il a rappelé que le retrait des forces étrangères à l’époque avait été un élément déterminant pour faire avancer le processus de paix. Il note, toutefois, une différence majeure : «Aujourd'hui, ce qui est nouveau, c'est qu'il y a des mercenaires qui ont été recrutés par le Gouvernement», a-t-il souligné.