
Par Serge Mavungu
Le Cadre de Concertation des Forces Politiques et Sociales est monté au créneau pour dénoncer les récentes attaques meurtrières perpétrées par les ADF dans les territoires de Beni et Lubero, en province du Nord-Kivu. Ces incursions sanglantes, survenues le 9 septembre 2025, ont coûté la vie à 71 personnes à Ntoyo, et à 18 autres dans les villages de Fotodu et Avey.
Dans un communiqué de presse du Cadre de Concertation des Forces Politiques et Sociales publié ce mercredi 10 septembre 2025, le Cadre de Concertation exprime son indignation face à ce nouvel épisode de violence et adresse ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes. Le document pointe également une série de dysfonctionnements dans la réponse gouvernementale, dénonçant une situation de plus en plus insoutenable pour les populations locales.
Le Cadre de Concertation critique tout d’abord la répétition stérile des réactions officielles. Selon les signataires, chaque attaque est suivie par des déclarations gouvernementales similaires, sans que cela ne se traduise par une amélioration tangible de la situation sécuritaire sur le terrain. Pour eux, les discours se succèdent mais le bilan reste « désespérément nul ».
Le Cadre de Concertation fustige également l’incapacité chronique de l’État à garantir la sécurité des citoyens, en particulier dans les zones à risque comme Lubero et Beni. Il estime que cette impuissance trahit un grave manquement aux responsabilités régaliennes du gouvernement congolais.
Autre point de dénonciation : l’échec de la mutualisation des forces armées entre les FARDC et l’armée ougandaise (UPDF). Présentée comme un levier essentiel pour vaincre les ADF, cette coopération est qualifiée d’« illusion » par le Cadre, qui constate qu’elle n’a en réalité apporté aucune amélioration significative.
Plus troublant encore, le communiqué souligne que les massacres se concentrent justement dans les zones d’opérations conjointes FARDC-UPDF, actives depuis trois ans. Cette corrélation, selon le Cadre de Concertation, soulève de sérieuses interrogations sur la pertinence de la stratégie militaire actuelle.
À travers son communiqué, le Cadre de Concertation appelle ainsi à une remise en question profonde de l’action gouvernementale.
Le Cadre de Concertation accuse le pouvoir de se contenter d’un rôle passif, abandonnant des populations entières à la merci de groupes armés. Une situation qu’ils jugent inacceptable et qui traduit, selon eux, une « défaillance fondamentale dans l'exercice du pouvoir ».
Le document va plus loin en évoquant une cession de souveraineté. Il dénonce la liberté d’action de l’armée ougandaise dans cette région, accusée de jouer un rôle ambigu en entretenant le chaos sous couvert d’une mission sécuritaire. Le Cadre évoque même une « stratégie du pompier pyromane » visant à maintenir un statu quo favorable à la présence ougandaise.
Le Cadre de Concertation tient le gouvernement pour responsable des tueries qui se déroulent dans les zones sous état de siège et sous contrôle conjoint des FARDC et de la UPDF. Il appelle à un sursaut d’autorité et à des actions concrètes pour mettre fin à ces tragédies.